lundi 25 janvier 2010

馬鞍山 – Ma on Shan

Ma On Shan, c'est tout là bas, à droite...
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Le relief de Hong Kong est très montagneux et très vert, promettant des balades aussi belles que sportives.
Dimanche dernier, nous avons pris notre courage à deux mains pour gravir l’un des plus hauts sommets du territoire.
Ma On Shan (la Montagne de la Selle de Cheval), 702m, se trouve à l’ouest du parc naturel protégé de Sai Kung, dans les Nouveaux Territoires.
Le bus 299 nous laisse au bord de la route. Un peu plus haut se trouve le départ de la section 4 du MacLehose Trail, l’un des quatre grands chemins de randonnée de Hong Kong, parcourant le nord du territoire d’ouest en est, sur une centaine de kilomètres. La balade d’aujourd’hui la suit en partie.
La première demie-heure de marche est tranquille. Comme à chaque fois, sur le conseil de plusieurs guides, il est recommandé de s'équiper d'un bâton pour se protéger des chiens. Lors de chaque randonnée, on peut en croiser qui sont parfois agressifs. Errants, sauvages, ils sont le plus souvent en meutes. Ça change des paisibles moutons du Yorkshire !
Lors de notre balade à Cheung Chau, par exemple, nous nous sommes retrouvés bloqués par 5 de ces canidés enragés en train de se battre à mort. Ça calme, je vous assure ! Tétanisés, nous ne parvenions pas à réagir. Ce sont des gens du coin qui ont fini par réussir à les effrayer et les faire fuir.
Par ailleurs, j’ai une peur quasi phobique de ces molosses qui n’arrange rien dans ces cas là. Il faut dire que la cicatrice sur mon front et quelques grosses frayeurs avec des chiens errants martiniquais ou lors de mes voyages à vélo, notamment avec les fameux Kangals turcs, m’ont laissé de très mauvais souvenirs.
Le chien, meilleur ami de l’homme ? C’est ça ouais ! Quand vous verrez quelqu’un se faire courser par un chat en furie (je vois d’ici la scène !), ou se voir violemment miauler dessus dès que l’on passe devant la maison de son maître, on en reparlera !
Bref, encore une fois, le bâton n’a pas été inutile, d’autant plus que cela s’avère être un précieux appui supplémentaire lorsque la pente est raide.
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Plusieurs types de paysages se succèdent lors de l’ascension. La végétation est luxuriante au début, puis se transforme littéralement en jungle au bout d’une heure. Les cris des oiseaux et le chemin dont la terre ferrugineuse est rouge-orangée donnent l’impression d’être en pleine Amazonie.

En s’approchant du sommet, la végétation devient plus rase. Arrivés sur la crête, l'enchevêtrement de buissons bas et denses du versant sud-est s’arrête net au niveau de l’arrête de la montagne, laissant place de l’autre côté à de longues herbes argentées couchées par le vent. Nous longeons cette épine dorsale, toujours avec la cime comme objectif.
Ce n’est pas le moment d’avoir le vertige. De chaque côté, la pente tombe à pic sur plusieurs centaines de mètres, offrant des perspectives imprenables sur la ville nouvelle de Sha Tin à gauche, et sur les îles de Sai Kung à droite.
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Nous nous posons sur un roc et sortons nos Tupperwares, bananes et M&M’s pour un pique-nique plus qu’attendu après l’effort fourni lors de la grimpette.

C’est en escaladant à quatre pattes les dernières dizaines de mètres que l'on peut accéder au sommet. De là-haut, le spectacle est époustouflant. Un panorama à 360° s’ouvre devant nos yeux, même si, comme toujours, la brume permanente de la région limite quelque peu la vue.
Au nord, il y a la ville chinoise de Shenzhen, et au sud, l’île de Hong Kong, chacune avec ses lignes verticales de béton, de verre et d'acier qui reflètent la lumière du soleil jusqu’ici.
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Après avoir longuement savouré le paysage et le calme du lieu, il faut se résoudre à redescendre. Mais plutôt que de reprendre le chemin en sens inverse, nous longeons la crête sur plusieurs centaines de mètres, jusqu’à Pyramid Hill. Au bas de celle-ci, décollent deux ou trois parapentistes. Dans le silence, ils sont là, à flotter doucement dans l’air frais de cette fin d’après-midi, avec les îlots de la mer de Chine comme arrière plan. Magique.
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Plus bas, c’est une bambouseraie qu’il faut traverser. Au sortir de celle-ci, on retombe sur un chemin plus ou moins goudronné. Des chiens, plantés là, au milieu de rien, semblent vouloir nous empêcher d'aller plus loin.
Le gros noir, dont les balafres se voient à 10m, oreilles dressées, ne nous lâche pas des yeux. Tina n’en mène pas plus large que moi. Le problème, c’est que nous marchons depuis 5 heures. Après une montée plutôt raide qui nous a pétrifié les cuisses, la descente nous a démonté les genoux. Il n'est pas certain que nous serions capables de courir bien vite. Et puis, étant donné qu'ils sont au moins trois, les menacer ou, dans le pire des cas, leur envoyer des coups de bâtons, ne serait sans doute pas le plus intelligent… Ils n'ont pas l'air bien effrayés de toute façon.
Faire demi-tour ? Impossible, il est beaucoup trop tard, et trouver un autre chemin serait prendre le risque de se perdre et de passer la nuit dans la montagne…
J’entends bien les « Faut pas avoir peur des chiens, ils le sentent… » Ah ! Bah voilà qui nous aide beaucoup !
Affligés devant notre propre manque de courage, nous retentons, une fois, deux fois, mais le gros noir est bien décidé à nous barrer la route en nous fixant d’un regard défiant. Ses copains aboient et montrent les crocs derrière lui. Et puis cette fois, il n’y a personne autour. Pas un Chinois pour nous sortir de là.
Et la luminosité qui continue à tomber… il faut rapidement trouver une solution.
Tenter un passage par le dessus alors ? Essayons. 100m, 200m. Cela ne mène nulle part. Nous devons rebrousser chemin.
Dernière alternative pour les éviter, passer par dessous, mais là, c’est un peu plus chaud : La pente est raide. Cependant, en bas, au travers des hautes herbes et des branchages épineux, on aperçoit déjà la route. Il faut réussir à l’atteindre et que les chiens restent où ils sont.
Allez, je me remémore tous mes aventuriers préférés, fuyants des réducteurs de tête ou des tigres affamés. Ca me redonne de l’assurance à donf’…
Quelques éraflures plus loin, nous y sommes. En bon Crocodile Blondee, je réajuste mon chapeau de cowboy, range mon poignard dans son fourreau et embrasse la dent de requin que je porte autour du cou... On ne m'aura pas comme ça!

Foutus clébards, ils vous feraient faire des conneries, je vous jure !

Nous gardons tout de même bien précieusement nos gourdins dans les mains, et redescendons la petite route jusqu’à un hameau. Quelques centaines de mètres plus loin, un taxi arrive alors que la nuit tombe. Notre sauveur ! Il nous mène jusqu’au centre ville de Sai Kung, d'où partent les bus pour Hong Kong.

Pour nous remettre de nos émotions et reprendre des forces après toutes ces grandes aventures, rien de tel que de faire ressortir, à notre tour, nos instincts de prédateurs carnivores, en dégustant des sashimi de saumon et des sushi de pieuvre. Et oui ! Ca y est, nous avons goûté le tentacule de pieuvre cru. Et figurez-vous que c’est pas mal en fait !

Malgré l’épisode désagréable des chiens, nous terminons la journée la tête pleine d’images grandioses.

Allez, bye et à bientôt !

PS : Si quelqu’un trouve « L’Apprenti Indiana Jones Pour Les Nuls », ça m’intéresse… ;)

T&B

lundi 18 janvier 2010

大澳 – Tai O

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Vue d'Occident, on imagine toujours Hong Kong comme un amas de béton, de buildings ultra modernes et de businessmen en costumes Hugo Boss et Armani, où il n’y a rien à faire, à part du fric. Sur ce blog, nous essayons de vous montrer que cette image réductrice est vraiment très peu méritée. Certes, l’argent a une place énorme dans cette ville, mais ce territoire a tellement plus à offrir qu’il serait dommage de ne pas connaître les autres aspects qui le caractérisent.
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Mercredi dernier, par exemple, nous sommes allez à Tai O, petit village qui se trouve à l’ouest de l’île de Lantau.
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Tai O est un village dont les habitants sont de « l’ethnie » Tanka. Ils sont principalement pêcheurs ou vivent de la production de sel, et habitent des maisons sur pilotis, des pang uks, qui s’avancent au-dessus de l’eau et de la mangrove. Par conséquent, certains l’ont un peu hâtivement surnommé "la Venise de Hong Kong". Mouais. C’est un peu exagéré, car quand on voit ces cabanons qui s’amoncellent les uns contre les autres ou s’écroulent au fil des ans, formant un tout absolument chaotique, on ne voit pas trop le point commun avec la Cité des Doges, si ce n’est la présence de l’eau au pied des habitations et le fait que ce village soit (en partie) sur un îlot. Cependant, ne me méprenez pas, car le charme de cet endroit est absolument certain.

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Le plus étonnant lorsque l’on arrive de Central et de ses gratte-ciels, c’est qu’en à peine plus d’une heure de voyage, en bateau et en bus, nous nous retrouvons propulsés dans un autre monde. De gros et petits bateaux de pêche sont au mouillage dans le petit port, attestant de la principale activité économique du village. Des petites vieilles vendent le poisson pêché la nuit même par leurs maris ou font sécher des sardines sur des paniers circulaires en osier. Elles sont là, à l’entrée de leur maison chancelante, faite de maigres chevrons en guise de pilotis et de planches de bois couvertes de feuilles de zinc pour murs, à attendre que l'acheteur potentiel - ou providentiel - se montre.
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Et dire qu’à quelques kilomètres d’ici des jeunes filles flânent dans des boutiques Vuitton ou Gucci parce qu’elles ne savent pas quoi faire de leur journée… C’est aussi ça Hong Kong ! (Je caricature à peine)
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Quelques vendeurs de poisson séché sont alignés dans la ruelle principale, emplissant l’air d’un fort (mais tolérable) parfum de moules ou de calamars séchés, changeant au fil des pas. En revanche, arrivés à hauteur du petit atelier qui prépare de la pâte de crevette et la laisse s'épaissir au soleil, l’odeur devient largement plus insupportable…
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Côté gastronomique, nous laisserons de côté les brochettes de tentacules de pieuvre crus (pour cette fois, tout au moins) et nous essaierons plutôt à des boules cuites à la vapeur, à la pâte gluante et au contenu mystérieux… fabriqué dans une petite maison sombre ou toute la famille semble s’être mise à l’œuvre.

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Pour ce qui est de l'histoire du lieu, il faut savoir que Tai O a longtemps été un repère de pirates, puis de contrebandiers passant des marchandises entre la Chine et Hong Kong. Cela a commencé avec les armes et le tabac, au XVIIIème siècle, et puis, modernité oblige, on est passé aux téléviseurs et autre matériel électronique au XXème siècle. Ce fut également un point d'arrivée pour les immigrés clandestins provenant de Chine continentale, après une traversée qui se faisait parfois à la nage !
Vera, notre collègue, nous a raconté que c’est ainsi que son père a passé la frontière, lorsqu’il avait une trentaine d’années. Il a donc laissé derrière lui sa famille pendant plusieurs années, avant d’avoir une situation et de pouvoir enfin la faire venir. Aujourd’hui, ils vivent tous ici légalement.
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Toutes les « Outlying Islands » (îles isolées, à l’écart) de Hong Kong ont une ambiance bien distincte, très tranquille et paisible. On s’y sent loin des quartiers suranimés de Central et Causeway Bay. Mais l’ambiance de ce village est tellement décalée par rapport à ce que l’on vit sur Hong Kong Island qu’il nous est vraiment difficile de nous croire sur le même territoire. Cet endroit nous rappelle énormément la Chine continentale. C’est quelque chose à voir et à vivre sans faute pour toute personne qui passerait par Hong Kong.
Nous y retournerons avec plaisir.
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A bientôt ! :)
T&B


lundi 11 janvier 2010

Journée portes ouvertes à Learning Garden !

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Hier, dimanche 10, notre école a célébré l’ouverture de son nouveau centre, dans un espace PLUS grand, PLUS confortable, PLUS pratique…
Désormais, fini pour nous de nous entasser à 15 dans des salles de 5 m² !
Oui, dorénavant, nous enseignerons dans le nouveau centre, consacré aux langues étrangères, tout-beau-tout-neuf et où nous aurons le luxe d’avoir deux salles avec des pans de murs vitrés donnant sur le front de mer. L’ancien centre, tout petit (3 salles), reste ouvert pour le soutien scolaire, les cours de maths, etc.
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Donc hier, nous avons célébré l’ouverture du nouveau centre, et avons fait une journée portes ouvertes. La date a été soigneusement choisie en fonction du calendrier chinois et des conseils avisés de la famille élargie de notre patronne (no comment !)
Il y a eu finalement pas mal de monde à venir, amenant leurs enfants à venir s’essayer, par exemple, à apprendre quelques mots de français ou d’espagnol avec nous. Nous avions organisé de petites activités. Dans le futur, nous allons aussi essayer de développer les cours pour adultes.
Alors n’imaginez pas que nous avons déménagé à des kilomètres ! Non non, nous sommes juste de l’autre côté du complexe, au premier étage.
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J’en profite pour vous décrire cet endroit, afin que vous saisissiez mieux ce dont je parle lorsque j’utilise le terme de ville verticale. Island Resort, comme je vous l’ai déjà dit, c’est un ensemble de 9 énormes tours de 60 étages et de 202 m de haut (tout de même !), connectées entre elles par des passerelles. L’ensemble, dont la construction s’est terminée en 2001, comprend essentiellement des appartements (3098, pour être précis). Vous imaginez le monde qu’on peut y loger !
Mais là où ce genre d’immeuble s’apparente à une ville (oubliez les ridicules HLM de 12 étages de nos cités), c’est que l’on peut vraiment y vivre sans mettre le nez dehors ! Chouette, non ?
Le bas du complexe, sur trois étages, est réservé aux commerces en tous genres : bien sûr, restaurants en nombre impressionnant et fast-food (Mc Do et KFC) mais aussi un indispensable supermarché, des écoles de langues (nous !), des coiffeurs, des opticiens, des salons de beauté, des produits de médecine chinoise (pénis de cerfs et autres chauves-souris séchées), et puis des magasins de vêtements, de chaussures, de jouets, de produits de beauté, et j’en passe.
Ceux qui vivent dans des appartements orientés au nord ont une vue imprenable sur la mer. On est juste à côté, aucun immeuble entre l’eau et le complexe. A Hong Kong, ça, c’est le top ! Et ce n’est pas fini ! Tout ce beau monde, il faut aussi l’occuper ! Donc sur le toit de la partie commerçante, et réservés aux habitants des lieux, vous avez un gigantesque jardin (palmiers, plantes, tables, bancs, chaises longues) avec, cela va de soi, deux piscines (une d’intérieur et une d’extérieur). Il y a aussi une salle de sport (basket, tennis, squash, golf), une salle de fitness, un salon de billard, un bowling (si, si !), une salle de musique (batteries, et guitares disponibles !), un terrain de barbecue extérieur, et, afin de parer au changements brutaux de météo, ils en ont fait un autre, couvert celui-là ! Ah, et j’oubliais, il y a aussi, une salle de mah-jong évidemment ! (Le jeu chinois)
Vous l’aurez compris, il est théoriquement possible de passer plusieurs semaines sans sortir de cet espace de quelques centaines de mètres carrés (au sol). La ville est verticale.
Pendant la semaine, les gens travaillent, les enfants sont à l’école, donc on ne voit pas grand monde, si ce ne sont les retraités faisant leur Tai Chi sur le front de met. Mais le week-end, on se rue dans les ascenseurs, et on descend ! Et là, c’est l’effet fourmilière !
C’est donc lors d’une telle journée que nous avons fait une après-midi portes ouvertes. Et je dois dire que ça n’a pas mal marché..
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Donc ensuite, nous sommes allés manger tous ensemble (profs et personnel de la réception) dans un restau à côté. Un vrai repas de mariage ! Il faut dire qu’en plus de la célébration de l’ouverture (avec coupé de ruban, et tout et tout) et la journée porte-ouvertes, c’était aussi l’anniversaire de notre boss !
Bref, elle nous a vraiment gâtés sur ce coup là. On a mangé une quantité impressionnante de plats (une quinzaine !), dont des trucs qu’on ne mange pas tous les jours à Hong Kong (car très chers), comme de la soupe d’aileron de requin (je sais, je sais, j’ai pas du tout apprécié, si vous voulez savoir !), des noix de St Jacques locales accompagnées de champignons de je ne sais où et de touffes de cheveux fraîchement sortis du trou d’évacuation de la douche, ou encore les ormeaux du coin (un truc énorme de 5 cm de diamètre). Et puis en dessert, on a goûté à la compote de haricots rouge et à la gelée de jujube (datte chinoise).
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Voici un tour de table en vidéo !
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Après le repas, vous imaginez bien qu’il nous fut très difficile de marcher, tellement l’élasticité de nos estomacs avait été portée à leurs extrêmes limites ! Même regarder les photos du repas, une fois rentrés à la maison, nous était devenu insupportable !
Bref, nous sommes rentrés, et nous nous sommes couchés, sans demander notre reste !

A bientôt.

T&B

samedi 2 janvier 2010

BONNE ANNÉE ! – SREČNO NOVO LETO !

Chers tous, Tina et moi vous souhaitons une très bonne année 2010, pleine de tout ce que vous pouvez souhaiter de tout cœur, secrètement désirer ou courageusement ambitionner…

Comment s’est passé votre nouvel an ? Nous espérons sincèrement que vous n’avez pas (plus ?) trop la gueule de bois, et que les excès n’ont pas été… trop excessifs !

En ce qui nous concerne, nous avons été invités chez un pote de copains à nous.
Anaand, étudiant en droit, vivant à Hong Kong depuis toujours mais issu d’une riche famille indienne, nous a donc reçus dans la maison de famille, à Kowloon Tong, district huppé de Hong Kong. Ca sentait déjà le nouvel an décalé : Donc désolé, mais là, c’est passage au passé-simple oblige !

Je ne parvins à cacher ma surprise lorsque ce beau-gosse au charme bollywoodien mais aux sourcils effroyablement épilés (je ne voyais que ça) me reçut à bras ouverts en me disant quelques mots en français. Ses parents – beaucoup moins épilés - en firent de même, et accueillirent très chaleureusement la vingtaine d’invités que nous fûmes.
La maison était absolument énorme, surtout pour Hong Kong ! Déjà, dans les rues, s’enchaînaient les énormes 4x4 et autres Porsches, puis les trois BMW sportives à l’entrée de l’immeuble nous fixèrent rapidement sur le lieu et les gens chez qui nous allions (Merci Peter de nous avoir prévenu !!) Et puis en entrant, après le choc du volume prodigieux de la pièce principale, il nous était impossible d’échapper au petit jardin japonais en galets blancs et gris, aménagé sous l’énorme escalier en chêne, avec des flamants en bronze (donc pas roses) qui avaient l’air de picorer le gravier collé au plancher… Vous avez bien compris, tout ceci était en effet à l’intérieur de la maison ! C’est donc devant le regard figé de ces échassiers palmipèdes que nous nous déchaussâmes (il aurait été fort impoli de ne pas le faire).

Derrière l’escalier, sur la gauche en entrant, le salon était plus grand que tous les appartements que nous avons habités jusqu’ici. La décoration pouvait paraître « kitch » pour nos habitudes européennes : La famille étant indienne, de nombreuses statues hindoues, mais aussi des porcelaines chinoises, étaient posées à même le sol ou sur des étagères. De nombreux cadres dorés avec des photos des parents, des enfants, lors de différentes cérémonies (mariage, anniversaires, remises de diplômes) ornaient les murs et le dessus des meubles. Une moquette beige et marron au motifs que j’ai oubliés et de 2 cm d’épaisseur couvrait le sol de la pièce.

Le père, âgé d’une soixantaine d’années et à l’air fort sympathique, derrière le bar en acajou, nous servit toutes les boissons qui pouvaient nous passer par la tête : Martini blanc, curaçao, cocktails dont je n’avais jamais entendu parler auparavant et aux couleurs fluos… Je regrettai tout à coup d’avoir apporté ce vulgaire sac en plastique du supermarché Park’N Shop, dans lequel nous avions mis une bouteille de vin australien et quelques bières locales premier-prix ! Les autres (prévenus de l’endroit où ils allaient, pas comme nous) avaient apporté de bons chocolats dans d’élégants sacs cartonnés aux couleurs métallisées, genre grands magasins. Moyen.

Tout le monde s’assit sur de larges et confortables canapés en cuir, autour de la grande table basse en verre. Après quelques minutes assis, mains croisées entre les genoux, à nous demander où nous avions atterri et à essayer de ne pas avoir l’air trop ahuris (7h de décalage horaire n’aidant pas à avoir l’air plus intelligent, dans ces cas là), nous tentâmes de faire connaissance. La voisine de droite avait l’air « normale » (chinoise, pas plus riche que nous, et pas de diamants aux oreilles). Parfait. Nous voilà intégrés. Beaucoup de gens ne se connaissaient pas, ce qui nous facilita un peu les choses, finalement.

Anaand se montra très hospitalier.
Les trois « domestiques » s’agitaient, couraient en tous sens et s’affairaient en cuisine afin que tout le monde eût à boire, et ne fût jamais à court de petits fours… Il y avait même des dés de fromage sur des petits pics. Si vous saviez le prix de 100g d’emmental, ici. C’est un peu l’équivalent de toast au foie gras à l’apéro !

Et puis vint le moment du repas. Malheureusement, il n’y avait donc pas de foie gras ! Mais on a eu droit au saumon. Un buffet asiatique avec des samosas (indiens), des plats chinois (nouilles, légumes, riz au curry), des sushi, des mini pizzas (c’i bon comme là bas, dis !), des fruits (fraises, raisins, poires chinoises en morceaux…) Le tout dans de très belles assiettes aux motifs indiens, et avec de petits couverts dorés ! Ici, pas d’assiettes en carton !

Petit à petit, nous fîmes connaissance avec l’ensemble des invités. Presque tous étaient chinois. Il y avait aussi une Japonaise, une Pakistanaise, un Vietnamien. Et puis ces deux petits blancs qui faisaient un peu tâche dans le décor ! C’était une soirée très métissée, puisqu’il s’agissait d’un nouvel an du calendrier « occidental », assez peu fêté en Chine, en fait. D’où l’originalité de Hong Kong : L’un des seuls endroits sur la planète où l’on fête le nouvel an… deux fois par an ! (Le nouvel an chinois sera célébré le 14 février).

Sous la pression de certains invités, Anaand finit, à contre-cœur, par faire visiter une partie de sa maison. « Oh my God ! » fûrent les mots les plus répétés, même par les chinois. Trois étages ! La chambre d’Anaand était superbe, avec terrasse couverte et son propre bureau adjacents. Salle de bain privée gigantesque. Ambiance marbrée, bien entendu. Chaque niveau disposait d’un vaste salon. Et puis au dernier étage, une spacieuse terrasse était aménagée sur le toit de l’immeuble, d’où l’on pouvait voir les buildings illuminés à 360°.

Enfin, vint l’heure du décompte, que l’on fit en suivant en direct à la télé ce qui se passait sur Victoria Harbour, d’où allait être tiré un feu d’artifice comme ils savent faire ici, un truc de la mort qui tue comme pour les 60 ans de la République Populaire de Chine (celui là, nous y étions !) N’oublions pas que la poudre à canon fut inventée par les Chinois, et qu’en matière de feu d’artifice, ce sont sans doute les champions du monde.
Etant donné la présence d’étrangers lors de la soirée, le décompte se fit malheureusement en anglais. Il faut dire que la langue de Shakespeare (quoique ici on dirait plutôt celle de Bill Gates) est tellement courante à Hong Kong que nous ne sommes même pas foutus de compter jusqu’à trois en cantonnais !
Voici la vidéo.
Une fois la nouvelle année commencée, nous restâmes encore deux petites heures à boire des breuvages aux couleurs étranges, puis repartîmes groupés, afin de remplir les taxis au maximum (bien que leur prix soient dérisoires, ici). Nous terminâmes le trajet en MTR (métro) avec Peter et Coco, les copains grâce à qui nous avions eu le carton d’invitation pour cette soirée un peu particulière. Le métro était bondé de gens qui revenaient de Victoria Harbour et retournaient vers les Nouveaux Territoires. Nous descendîmes ensemble à Quarry Bay, les laissâmes près de l’entrée de leur immeuble, et terminâmes jusqu’à chez nous (nous sommes quasiment voisins), revenant peu à peu à la réalité au fil des pas.
Donc Happy New Year to you all !
A bientôt !
T&B