samedi 30 juillet 2011

Mais Pékin, c'était comment, alors???

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Le temps passe, et nous ne vous avons toujours pas raconté notre séjour à Pékin. Désolés.
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Commençons donc par l'inévitable place Tian'anmen. Elle est malheureusement connue pour les événements de 89, où l'armée a tiré sur les étudiants manifestant pour plus de démocratie, tuant ainsi plusieurs centaines d'entre eux (certains parlent de 2000 morts). Mais cette place est également très importante pour les Pékinois, parce que c'est le point central de la ville. Une place énorme (la plus grande du monde), autour desquels se trouvent toute une série de monuments et d'édifices aussi importants que le mausolée de Mao Zedong, différents musées, et surtout l'entrée sud de la cité interdite, avec l'imposant portrait de Mao accroché sur son mur rouge, faisant face à la place. C'est d'ailleurs sur cette place qu'en 76, plus d'un million de chinois venaient lui rendre un dernier hommage.
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D'un point de vue politique, cette place est évidemment l'un des points les plus sensibles de la capitale chinoise. Par ailleurs, vu que nous y étions lors de la « célébration » du 90ème anniversaire du PCC (Parti Communiste Chinois), la police et les militaires, en uniforme et en civil, y étaient en grand nombre. Comme dans chaque station de métro, il fallait passer ses sacs aux rayons X. On sentait comme une certaine parano que nous n'avions jamais ressenti ailleurs en Chine.
Cela dit, Tina et moi avons tous les deux eu l'impression d'un énorme écart entre la réalité chinoise et ce que l'on raconte en Occident sur ce pays et ses habitants. Oui, bien entendu, le parti est critiquable. Oui, cet endroit est très fliqué et les caméras y sont un peu partout. Oui il y a des opposants politiques en tôle. Et oui, c'est très regrettable. Je ne cherche à excuser personne, ni à minimiser les responsabilités d'un gouvernement qui exécute des milliers de bonhommes chaque année, que les choses soient claires. Mais je crois qu'en France en particulier, on noircit beaucoup le tableau, en écrivant des articles qui vont toujours dans le même sens, frisant souvent la sinophobie, et c'est là qu'il faut faire gaffe: dénoncer le parti, la répression des dissidents et des minorités qui s'agitent, etc., c'est bien, mais malheureusement on parle rarement du fait que ce gouvernement -aussi illégitime soit-il- a une tâche lourde : Gérer 1,3 milliard de bonhommes, un cinquième de l'humanité. Des gens qui, c'est bien compréhensible, veulent accéder à des biens dont nous profitons depuis longtemps, comme la voiture, l'électricité, une certaine consommation pour le plaisir...
Certes, la Chine va au devant d'enjeux environnementaux énormes mais il faut aussi savoir que c'est l'un des pays les plus en pointe en terme de technologie et d'investissement dans la recherche pour les énergies vertes. On ne l'entend pas souvent, tout cela. En fait, j'ai souvent l'impression que le discours sur la Chine et les Chinois est systématiquement biaisé par la politique (un truc typiquement français), et par une forme de paranoïa, voire de haine. J'ai souvent entendu des blagues sur les Chinois qui ne passeraient absolument plus sur un autre peuple. Et ce dans la bouche de gens très « ouverts »...
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Bref, contrairement à ce que certains pourraient penser, à aucun moment nous ne nous sommes sentis "guidés" ou restreints dans nos visites à Pékin. Enfin, si, je le répète, c'est fliqué, et pour cause, ça chie en Mongolie Intérieure, et ce sont les 90 ans du PCC, mais nous logions dans les hutongs, ce sont les quartiers populaires et traditionnels de Pékin, des milliers de petites maisons de briques et de tuiles grises, avec des kilomètres de ruelles poussiéreuses qui partent dans tous les sens, et des millions de "vrais gens" qui y vivent. Un vrai labyrinthe habité par une population qui ne nous a ni craints, ni regardés de travers, ni (ou alors nous ne nous en sommes vraiment pas rendu compte) particulièrement surveillés... En clair, on nous a foutu la paix. Quand les gens parlaient anglais (ça se développe doucement), ils étaient contents de pratiquer un peu avec nous. Sans arrière pensée, je crois.
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Après, il est évident que les touristes sont canalisés, d'une certaine façon, comme partout. On n'envoie pas les touristes américains à Sarcelle (zut, c'est chez DSK, mauvais exemple) ou à Créteil, non pas parce qu'on veut cacher les problèmes des cités (quoi qu'on en dise), mais parce que les touristes n'ont franchement pas grand chose à y voir... non? Ou alors si c'était le cas, on qualifierait cela de voyeurisme...
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Pour vous donner deux trois autres exemples assez parlants et qui vont à contre-courant de ce qu'il est de « bon ton » de dire sur la Chine:
-Un jour, dans le métro, le type à côté de moi lisait ouvertement An Weiwei, le dissident récemment libéré.
- Nous sommes passés par l'impressionnante librairie de l'Institut français, tenue par des petits jeunes chinois francophiles. On y trouvait le Courrier International de la semaine précédente, spécial (je vous le donne en mille)... Chine! Avec des articles qui avaient été censurés dans les journaux chinois.......
- Dans cette même librairie, il y avait des piles de bouquins français (en français) sur le Tibet, la Chine de Mao, Taiwan, et j'en passe. A moins que les auteurs et les bouquins aient été soigneusement traduits, lus et sélectionnés par le Parti (j'en doute), la critique du régime doit être assez présente dans ces ouvrages.
- Cette librairie est énorme, la médiathèque adjacente est remplie d'étudiants chinois, et l'Alliance Française est à l'étage... Ça brasse du monde!
- A deux pas de là, l'Instituto Cervantès est sans doute très similaire,
pero en español...
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Nous pouvons donc clore cette parenthèse politique (et peut-être barbante, mais nous avions envie de faire une mise au point sur notre ressenti), pour revenir à du plus historique...
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La Cité Interdite. Incroyable! Nous y avons passé une journée entière. Il s'agissait de la « demeure » des empereurs lors des dynasties Qing et Ming, contruite au début du XVe siècle. 72 hectares, il fait, le truc... en plein centre ville! Une succession de palais et de cours immenses. Mais la vie pour eux n'était pas si belle, puisqu'ils n'avaient absolument pas le droit d'en sortir... Bien évidemment, il étaient rigoureusement interdit au vulgaire peuple d'y pénétrer (d'où son nom), et quiconque passait ses portes ou ses douves était exécuté sur le champ. Aujourd'hui, la donne a changé, 60 yuans suffisent à convaincre les gardes.
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Nous avons aussi visité leur demeure estivale, le Palais d'été, et, encore une fois, avons été fascinés par la beauté du lieu. Les empereurs se sont donc fait construire un palais, sur une colline donnant sur leur « jardin », un simple lac et quelques hectares de parc qui sont autour. Le tout tient sur un petit 3 kilomètres carrés. Il nous a fallu 8 heures pour faire le tour du site!
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Nous avons également visité plusieurs monuments, notamment la mosquée, très étonnante avec son mix d'architecture chinoise et de style arabisant, ou encore le temple de Confucius, dont l'influence ne se limite pas au frontières chinoises (Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, c'était lui...), ainsi que le Collège impérial qui se trouve à coté...
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Le temple Taoïste de Dongyue, le temple tibétain des Lamas et le temple du Ciel...
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Pour conclure, Pékin a la classe d'une grande capitale, et finalement, grâce à ses nombreux parcs et lacs, se trouve être une ville très agréable, malgré la pollution et l'influence du Parti, qui se sent évidemment plus qu'ailleurs en Chine.
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Rendez-vous très bientôt pour qu'on vous raconte la Mongolie.
T&B

vendredi 15 juillet 2011

Pékin – consulite (suite et fin?)

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Pékin, Pékin... ce fut donc plus long que prévu.
Nous y voilà, débarqués du train à 5h50 du matin, les yeux tous collés.
Dès le premier jour, nous nous mettons à faire des trucs importants, comme se (ré-)équiper en médicaments, en matériel de camping pour la Mongolie, voir comment ça se passe pour le départ en train, avec le Transsibérien. Ce fut d'ailleurs compliqué et cher.
Il a aussi fallu que nous nous occupions de nos visas mongols sans perdre de temps.
Les visites ont donc dû attendre.


Mardi 21juin – Nous allons donc au consulat de Mongolie, le matin même de notre arrivée. Mais comme il nous a fallu un moment pour le trouver, après une bonne heure de queue, la bonne femme ferme son rideau devant nous, en nous disant de revenir le lendemain matin...

Mercredi 22 juin – Cette fois, nous nous pointons à l'ouverture. Jamais vu des procédures aussi longues, nous nous demandons si nous allons réussir à passer (section visa ouverte 3h/jour).
Yes, c'est enfin notre tour, mais la bonne femme tique sur la nationalité de Tina, qui ne figure pas sur sa petite liste de 20 pays, et refuse de lui prendre son passeport. Nous insistons... Non, ce n'est pas la Slovaquie, c'est la SloVÉnie. Non, encore non. Nous lui écrivons le pays et EUROPEAN UNION sur un papier... « Aahh », son visage s'éclaire. Mais pensez-vous, elle bute sur sa liste, comparant les mots UNITED KINGDOM, non, c'est pas ça... UNITED STATES, non, pas ça non plus. Pas de visa pour vous, mademoiselle, désolée.
Je ne sais pas d'où elle sort cette bonne femme, mais c'est une plaie. Nous continuons à insister. Elle se décide à passer un coup de fil... et finalement, elle prend le passeport. Heureusement, elle n'est pas chinoise, nous ne lui avons donc pas fait l'offense de lui faire perdre la face.
La bonne idée du jour (vous allez comprendre pourquoi), fut de demander la procédure express, c'est à dire en 1 jour. Sinon, c'était une semaine.

Jeudi 23 juin - Rebelotte, nous retournons au consulat mongol, section « visa collection », qui, elle, n'est ouverte qu'une heure par jour.
C'est dingue ces consulats... Enfin bon, ce sont des diplomates, respekt.
Et, eurêka, nous avons tous les deux de beaux visas mongols dans nos passeports! Sauts de joie et d'excitation dans la rue, sur le chemin du métro. Nous rencontrons un Français en galère de visa mongol pour son stage, qui nous dit que la Russie n'émet plus de visas de tourisme!! QUOI??? Nous nous rassurons en n'y croyant qu'à moitié...

Nous allons à la gare pour acheter nos billets pour la frontière mongole, pour la semaine suivante, mais ne pouvons finalement pas les acheter, car il est trop tôt. Il faudra revenir le lendemain. C'est fou ce qu'on peut perdre comme temps inutilement parfois...

Nous rentrons à la guest-house pour en avoir le cœur net par rapport à ces visas russes, que nous avions planifié de prendre à Oulan Bator, en Mongolie.
Et? Eh bien c'est qu'il avait à moitié raison, le bougre!
Le consulat russe de Pékin ne délivre des visas qu'exclusivement aux résidents chinois (ce que nous ne sommes pas), donc « niet », c'est le cas de le dire, mais nous étions au courant de cela. Pratique, quand on sait que deux des trois lignes du Transsibérien partent de Pékin!!!
Et en Mongolie?, et bien ils ont eu une idée encore plus saugrenue (c'est dire). Ils se sont fait une liste de 10 pays auxquels ils acceptent de délivrer des visas. Je vous le donne en mille, la France y figure... et pas la Slovénie. Énervement, désespoir... Oui, ces consulats sont vraiment désespérants. Ils vous passeraient l'envie d'aller visiter le pays qu'ils sont censés représenter.
Branle-bas de combat. Il est trop tard pour aller au consulat de Russie aujourd'hui, mais il faut trouver une solution.
En gros, on a le choix entre:
Passer en douce et, au mieux, se prendre une balle dans le dos, au pire, terminer au goulag. Bof.
Faire demi-tour, rager sur les Russes et aller au Népal à la place. Cher et pas simple.
Chopper un visa de transit et traverser la Russie par voie terrestre, mais en express (7 à 10 jours). Pas vraiment le pied.
Trouver une idée et persévérer jusqu'à ce qu'on n'ait vraiment plus aucune autre alternative.

Vendredi 24 juin - Toujours pas visité Pékin, à part un passage par l'inévitable place Tian'anmen.
Nous filons au consulat russe sans perdre de temps, avec nos cartes d'identité hongkongaises.
Que ce soit clair, on a eu l'occasion de vous le dire, dans la tête de beaucoup d'Européens, Hong Kong c'est la Chine. La réalité est toute différente. Nous étions résidents hongkongais, pas résidents chinois. Et au consulat russe de Hong Kong, ils nous avaient dit qu'à Pékin, ils refuseraient nos passeports, mais que ce devrait être possible à Oulan Bator. C'était il y a 5 mois... Ils ont visiblement changé d'avis.
Donc il va falloir jouer un peu la comédie.
S'il vous plait madame, on n'a pas pu faire nos visas à Hong Kong - Oui oui, nous travaillons là-bas - Est-ce que ce serait possible de nous les faire ici?
Elle tique. Toute l'équipe s'en mêle, ça parle russe derrière les vitres. On nous dévisage. Nos passeports sont feuilletés de bout en bout.
Mais pourquoi ne les avez-vous pas faits à Hong Kong?
Parce qu'il était trop tôt, ils auraient expiré avant qu'on ait eu le temps de mettre un pied sur les rives du Lac Baikal...
On sent 70 ans d'organisation soviétique derrière ces bureaux. C'est rigide, ça cherche pas trop à comprendre. Les russes, ils sont pires que les chinois pour les visas.
Bon, on peut essayer, répond cette jolie slave. Mais il vous faut des lettres d'invitation, des vouchers touristiques, et des lettres de confirmation...
Ah oui, un visas russe, ça ne s'achète pas, ça se mérite. C'est beaucoup d'argent et beaucoup de travail. Nous ne sommes pas sûrs d'y arriver, mais avons nous le choix? Nous retournons illico à l'hôtel, où nous cherchons sur internet un site qui vend ce genre de documents, mais nous sommes vendredi, ça prend au moins un jour ouvrable, ce qui fait qu'on ne l'aura probablement pas avant lundi après-midi (avec le décalage horaire), donc mardi matin au consulat, ça nous amène au mardi d'après au plus tôt pour récupérer nos passeports...
Allez, pour 30$US chacun, on tente. Coup de pot, les documents nous arrive le jour même, dans la soirée!
Je prolonge également mon assurance rapatriement, afin d'être couvert pendant toute la durée de notre séjour sibérien. C'est eux qui l'exigent.

Lundi 27 juin - Après un week-end un peu détente où il a tout de même fallu courir pour trouver un cyber café avec imprimante et des ordinateurs qui ouvrent les documents PDF (visiblement, c'est un format étranger aux chinois!), nous avons nos « vouchers » et lettres d'invitation sur le territoire russe, établis par une agence touristique moscovite, des photos d'identité, ainsi que nos formulaires, remplis la dernière fois.
Nous allons au consulat russe peu après l'ouverture. Le type devant nous, un gros chinois dégoulinant de sueur insiste (en chinois) pour faire accepter sa demande de visa, mais pour lui, ce sera encore une fois « niet ». Tout le monde, s'énerve, la jolie slave perd son charme. C'est à notre tour... La nana est visiblement à bout de nerfs, pas bon pour nous.
Mais enfin, pourquoi n'avez-vous pas fait votre demande à Hong Kong? Me répète t-elle.
Je vous l'ai dit, nous sommes partis trop tôt. Ils ne pouvaient pas nous les faire.
Mais vous retournez bien à Hong Kong?
Bien sûr, Madame.
Da, da, me dit elle en nous regardant avec un air suspicieux probablement typiquement soviétique. Et quelle est votre entreprise là bas, vous n'avez pas mis leur nom et coordonnées?
Euh... Ah oui, attendez, on va vous les donner.
Je récupère les documents. La pression monte. Nous écrivons le nom de l'école, à Hong Kong, mais ne connaissons ni le numéro de téléphone, ni l'adresse exacte, ni l'adresse e-mail. Pas bon. Je les lui rends.
Mais quels sont les numéros de téléphone, et adresse e-mail?
Nous reprenons le formulaire et y inscrivons une adresse e-mail à moitié de mémoire, à moitié imaginée.
Bien, quand voulez-vous vos visas? Nous demande-t-elle.
(quoi? Ce serait possible en moins d'une semaine?) Le plus tôt possible serait le mieux.
Pouvez-vous attendre deux semaines?
Gulp. Pardon? Deux semaines?? Mais... C'est que nos visas chinois expirent dans 10 jours...
Bon, on va voir ce qu'on peut faire. Revenez la semaine prochaine. Allez régler les visas à la caisse.
Et 70€ plus tard, nous ressortons du consulat, dépités, absolument pas sûr de quand on va récupérer nos passeports, ni de l'utilité de toutes ces dépenses et de l'issue de l'histoire...
De retour à l'hôtel, nous écrivons à nos anciens collègues et patronne hongkongais, afin de les prévenir d'un très probable coup de fil des autorités russes, s'assurant que nous travaillons toujours pour eux. Pas de gaffe, svp.

Nous passons donc une semaine un peu tendue, pleine d'incertitude quant à la suite de notre voyage.
Nous faisons nos visites (Muraille de Chine, Cité Interdite, Palais d'été, temples, les hutong, ces quartiers populaires de maisonnettes de briques et de tuiles grises), entrecoupées de séances de mangeage de succulents raviolis chinois cuits à la vapeur, de délicieuses nouilles fraîches aux œufs et à la tomate, ou de la spécialité sichuanaise à laquelle nous sommes devenus accrocs, le Mapo Tofou. Un truc super épicé, qui vous anesthésie langue, palais et gorge (une sensation assez paniquante la première fois), afin de vous permettre d'être en mesure d'avaler ce plat super pimenté...

Au cours de la semaine, nous achetons nos billets pour le transsibérien. Mais comme le trajet Pékin– Oulan Bator est hors de prix, et qu'on ne peut acheter les billets que dans des agences touristiques (bah non, à la gare, ça n'a aucun sens, voyons...), nous nous rabattons sur le même train, mais n'achetons que le trajet jusqu'à la frontière. Nous traverserons nous même et prendrons un autre train de l'autre côté, le lendemain. Ca revient 5 fois moins cher, nuit comprise. Nous achetons nos billets pour le 6 juillet, la veille de l'expiration de nos visas chinois. Quelle que soit l'issue de cette histoire de russes, il nous faut sortir de Chine. Si l'on dépassait la durée du visa, l'amende est de 60€ par jour...

Lundi 04 juillet (Bon anniversaire Anne) – Nous voici de retour au consulat russe. Nous allons, tendus, au guichet de remise des visas. Et toute souriante, c'est une autre femme, qui, après quelques questions de formalité, nous rends nos passeports. D'abord le mien, je l'ouvre. Oh, le beau visa en cyrillique! Tina, idem. Sauvés.
Nous sortons du consulat, hilares, surexcités, et tombons sur un couple d'allemands de notre âge. Nous échangeons quelques infos. Eux, non résidents, ni Chinois ni Hongkongais, n'ont pas le choix, et se sont rabattus sur des visas de transit. Ils sont venus récupérer leurs passeports. Ils prévoient d'être en Mongolie à la même période que nous. Nous échangeons nos e-mails, sait-on jamais, nous pourrions nous revoir de l'autre côté de la frontière. Nous ne le savons pas encore, ils seront nos compagnons de voyage, à travers la steppe et le désert, pour le mois passé en Mongolie.

Mercredi 06 juillet – 6h45 du matin, nous montons tous les dans le K3, le transsibérien au départ de Pékin, ou plutôt le transmongolien. Beaucoup d'occidentaux sont également à nos côtés, nous n'en avons jamais vu autant depuis le début du voyage. Mais nous serons les seuls à descendre à Erlian, la ville frontière. On vous racontera le passage folklorique de cette frontière dans un prochain post.

A bientôt.

T&B

samedi 9 juillet 2011

La Mongolie, c'est parti!

Bon, je suis sincèrement désolé. J'avais commencé à écrire sur Pékin, mais je n'ai vraiment pas eu le temps de terminer le texte, encore moins de faire une sélection de photos... Nous vous enverrons tout cela dès que possible, même si l'ordre chronologique du voyage sera de fait cassé.

Bref. Donc pour faire un lien avec le précédent post, et en une phrase, nous avons passé deux semaines à Pékin, et sommes arrivés en Mongolie le 7 juillet, et à Oulan Bator hier, le 8, tout ça avec le Transmongolien.

Dès notre arrivée, avec le couple d'Allemands que nous avons rencontré à Pékin (et avec qui nous avons fait le voyage), et leur amie qu'ils ont retrouvée ici, nous nous sommes mis au travail, sans perdre une minute. Il nous faut vite organiser notre séjour dans ce pays, où il est très difficile de se déplacer... d'où l'intérêt, voire la nécessité, de former un groupe. Car à plusieurs, on peut diviser certains frais, comme la location d'une jeep où d'un van.

C'est comme cela que nous nous sommes rendus compte qu'à nous 5, nous pouvions nous permettre de trouver un chauffeur avec son 4x4 russe (un de ces Uaz, tous ronds, pour les connaisseurs), un truc avec une gueule d'enfer, qui consomme 20 litres au cent au bas mot... Et pour quelques dollars de plus, on pouvait même s'offrir un interprète, pratique pour la vie de tous les jours et pour mieux comprendre les aspects culturels du pays. Indispensable si l'on veut rentrer en contact avec la population nomade.

Nous voici donc décidés. Plus qu'à se mettre d'accord sur un itinéraire. L'Ouest? On en rêve tous, mais c'est trop loin. Le Nord? C'est le plus touristique. Le centre le le Sud, alors...
C'est bon, c'est décidé. Plus qu'à courir dans tous les sens dans cette ville qu'on n'a même pas eu le temps de découvrir pour acheter de la bouffe, des lingettes pour les jours sans douche (qui seront bien plus nombreux que ceux avec!), du PQ, de l'eau, du chocolat, quelques bouteilles de vodka, un adaptateur pour recharger nos batteries d'appareil photo et pouvoir vous montrer la Mongolie...
Une journée de fous!

Mais nous partons demain matin pour Tsetserleg, pour y fêter le Naadam, la fête nationale mongole, qui commence lundi. C'est pourquoi nous ne pouvions pas perdre de temps.
Au programme de notre voyage: Des parcs nationaux à découvrir à pied, à cheval, ou à dos de dromadaire... Des nuits passées avec les nomades ou dans la tente, en pleine steppe, des couchers de soleil au coin du feu, des levers de soleil sur le désert... On ne devrait pas trop s'ennuyer.

Bref. C'était surtout pour vous dire qu'il est plus que probable que l'on soit dans l'incapacité totale de mettre le blog à jour, ou d'envoyer des e-mails, jusqu'à la fin du mois de juillet (les trois prochaines semaines, en somme). Évidemment, jetez-y un œil de temps en temps, il y a normalement internet dans les capitales régionale... au bureau de poste. Donc on fera de notre mieux, mais on ne vous garantit rien. En tout les cas, ne vous inquiétez pas pour nous, nous sommes entre de bonnes mains.

Allez, nous devons nous lever tôt demain, donc nous vous souhaitons bonne nuit!
A bientôt!
T&B

mardi 5 juillet 2011

La grande muraille


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On ne la voit pas depuis la Lune (vous en doutiez encore?), mais ça y est, on l'a vue! Nous pourrons enfin dire qu'on a grimpé la Muraille de Chine...
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Eh bien c'est vrai que c'est impressionnant! Un boulot de fou... Titanesque. Mon Dieu ce que le chemin pour y accéder est raide... Mon Dieu ce qu'il y fait chaud (35 degrés)... Mon Dieu qu'il n'y a pas d'ombre sur ce foutu mur! Quand je pense que les ouvriers, lors de la construction, n'avançaient parfois que d'un pouce par jour et par bonhomme... Si c'est de la sueur que nous y avons laissé, ces ouvriers, ils furent plus de 10.000 à y laisser leur peau. On raconte que leur ossements font partie des fondations du monument.
Il faut dire, 6700 km de long, pour une largeur d'environ 6m, une hauteur de 5 à 17m, et des tours de guet qui ponctuent ce serpent de pierre sur toute sa longueur... vous imaginez? A la pelle? Ou taillant les pierres à la main?

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La muraille est en réalité constituée de plusieurs sections, pas forcément reliées entre elle, chacune ayant son caractère propre. Il faut donc savoir laquelle choisir. Nous sommes allés à Mutianyu, une section un peu plus éloignée de Pékin (une centaine de kilomètres), où ne vont pas trop les groupes de touristes chinois et occidentaux. Nous avions parfois la muraille qui filait devant nos yeux sans personne dessus... Un vrai privilège.
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La voilà donc, qui s'étend sur des kilomètres et des kilomètres devant nous. Suivant les crêtes des montagnes, zigzaguant à droite à gauche, dévalant les collines avant de les remonter à la verticale. Nous avons marché 5 ou 6 km sur ce mur. Parfois c'est plat, parfois ce sont des escaliers dont les marches sont de plus en plus douloureuses à atteindre sous la chaleur étouffante de ce début de mois de juillet. On transpire par seaux entiers. Les locaux venus vendre des bouteilles d'eau le savent bien. Impossible d'en amener assez pour la journée... Elle se vend à prix d'or.
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On ne va pas vous faire un cours d'histoire, mais en deux trois mots, voici ce qu'on peut en dire.
C'est au IIIème siècle avant J.C. que les empereurs ont voulu commencer à protéger leur frontière Nord. Abandonnée et continuée à plusieurs reprises, sous les familles impériales qui s'enchainaient (Qin, Han, Yuan, Ming), c'est sous les Qing (les derniers, empereurs jusqu'en 1911) que la Muraille prend sa forme actuelle.
Au final, ce barrage a plutôt mal rempli sa fonction, car, comme le disait Genghis Khan, « la solidité d'un mur ne dépend que du courage de ceux qui le défendent... » Et toc! Mongols, Mandchous, tous sont passés... Le résultat est toutefois stupéfiant.
Voici quelques images, avant de vous emmener très bientôt visiter Pékin...
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T&B

samedi 2 juillet 2011

La ville aux hibiscus



L'arrivée à Chengdu, cinquième ville de Chine, nous semble comme un retour à la civilisation. Nous avons du mal à croire que la région tibétaine que nous avons visitée se trouve dans le même pays, dans la même province que cette grande ville aux avenues immenses et sans charme, couverte en permanence d'un voile nuageux de pollution à travers lequel les rayons du soleil ont du mal à percer et dont les habitants n'ont que de rares occasions de voir un ciel bleu.



Oui, celle que l'on nomme paradoxalement la ville aux hibiscus est bien une ville à la chinoise, très pratique, mais grande, grise, polluée, trop peuplée, noyée dans des flots de piétons et de vélos électriques, et qui, malgré sa longue et riche histoire (elle existait déjà il y a deux mille ans), manque de beauté et de charme, les quartiers historiques ayant été balayés pour laisser place à des immeubles modernes, fades et sans caractère. En dehors de quelques beaux temples et maisons anciennes, il n'y reste pas grand chose de l'époque des empereurs.





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Nous nous y sommes pourtant bien plus et y sommes restés cinq jours, car qui dit retour à la civilisation, dit retour au confort, que l'on apprécie encore davantage après plusieurs semaines passées dans le Wild West sichuanais et sur les routes défoncées.

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Nous nous sommes installés dans une guest-house très sympa (Sim's Cozy Garden) où, comme prévu, nous avons retrouvé le reste du groupe, c'est-à-dire Sam, l'Australien, Rif, l'Anglais, et Bill, le Canadien. Tous fatigués par notre périple au Tibet, nous avons paressé ensemble. Nous y avons bien dormi, passé des heures sur la terrasse à tchatcher autour d'une bière locale, fraîche et légère, et surtout bien mangé. Notre restaurant préféré, c'était un petit boui-boui au coin de la rue, tenu par une famille Hui (la plus importante ethnie musulmane de Chine), qui, pour un euro, servait des portions énormes de nouilles fraîches absolument délicieuses, accompagnées de tofu, de légumes, et de boeuf ou de mouton. Pendant que ses sœurs servaient les plats, un garçon d'à peine quinze ans s'agitait devant nous avec de la pâte entre ses doigts pour en faire, à la commande, des nouilles de toutes longueurs et formes, à une vitesse hallucinante. Un sacré coup de main, il était impressionnant, un vrai maître. Il était tout fier quand Sébastien a sorti son appareil photo...
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Le point culminant de notre séjour là-bas a sans aucun doute été la visite de la réserve de pandas, espèce endémique de la Chine. Ce fossile vivant qui est devenu herbivore il y a un million d'années (il se nourrit de bambou) est aujourd'hui menacé d'extinction en raison de la perte de son habitat, détruit par l'homme. Les pandas ne vivent que dans les forêts de bambou des hautes montagnes du Sichuan. Nous avons eu l'occasion de voir des bébés, des ados (bien joueurs comme il faut) et des adultes. Ils sont mignons à craquer, on dirait vraiment des oursons en peluche!! Il y avait également des pandas rouges, qui, eux, ressemblent plutôt à de grands renards, mais ne sont pas moins mignons.
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C'est aussi à Chengdu que notre groupe de voyageurs, formé tout au long de notre périple au Tibet, s'est disloqué. Liza, l'Américaine, est partie à Urumqi voir les Ouigours, pour ensuite passer au Pakistan par la route du Karakorum (la plus haute du monde). Les trois gars, qui n'ont pas pu obtenir d'autorisation pour aller à Lhassa, ont dû changer leurs plans: Bill, après un mois complet à nos côtés, a pris un vol pour Katmandou au Népal. Sam et Rif sont partis tous les deux à Shanghai. Adieux chaleureux... Et quant à nous, un train de 32h (trente deux heures) nous à emmené à notre dernière destination en Chine - et pas des moindres – Pékin. A nous la Muraille de Chine et la Cité Interdite... et les formalités administratives pour la Mongolie et la Russie!
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A suivre...

T&B