dimanche 20 novembre 2011

Москва

 
Ouille ouille ouille.
Comment justifier ce si long silence? Non, le transsibérien, c'est long, c'est lent. Voici une excellente justification. Trois jours et trois nuits dans un train, ça vaut bien un mois à attendre le nouveau billet du blog! N'est-ce pas?
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Nous voici donc à Moscou la Mère, comme l'appellent les Russes. Nous sommes à 5.000km du Baïkal, à 10.000 de Vladivostok, et pourtant, nous sommes toujours dans le même pays.
La première impression ne se fait pas attendre. Avec ses boulevards de 16 voies (2 x 8) et ses gratte-ciels pyramidaux, la capitale russe vous envoie sa taille et son rythme en pleine figure dès que vous descendez du train. 10 millions d'habitants intra-muros (5 fois Paris), 15 millions avec ses banlieues. C'est gigantesque. L'histoire est partout: Ce salaud de Napoléon par ci par là, statue de Marx, gare de Lénine, dégâts de Staline, portraits de Poutine, Medvedev aussi, de temps en temps, en figurines souvenirs en plastoc, entre une horloge aux couleurs du pays et des babouchkas 8 pièces, versions hommes d'état russes (vous savez, ces poupées russes qu'on emboite les unes dans les autres). D'abord, vous avez Lénine, grand et beau, puis, à l'intérieur, Staline, forcément un peu plus petit mais à la moustache impeccable (c'est que les Staliniens sont encore nombreux ici), puis le beaucoup moins poilu Khrouchtchev, puis Brejnev, puis ce traitre de Gorbatchev, puis cet incompris d'Eltsine, puis Poutine, fier comme pou(l), et enfin... le petit dernier, tel un tout petit bébé, Medvedev...
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La première journée est pluvieuse. Nous nous concentrons donc sur les visites qui nous évitent de trop nous mouiller! Nous ne pouvons pas ne pas commencer par la place Rouge, toutefois, nous nous abstiendrons d'aller saluer Lénine dans son mausolée. Nous passons un bon moment à méditer sur l'architecture de la cathédrale Basile le Bienheureux, avec son allure de gâteau disneyesque trop sucré et aux murs intérieurs archi décorés. Un monument à elle seule, le plus emblématique de la ville, qui plus est. Mais cela vaut le détour.
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Dans un style orthodoxe (religieusement parlant) et plus classique, la cathédrale de Christ-Sauveur est imposante et étonnante, car elle résume un peu de fait l'histoire russe des XIXe et XXe siècles. Construite par Alexandre Ier en mémoire de la victoire des Russes sur Napoléon, elle fut détruite par Staline qui voulut y construire le Palais des Soviets à la place, à des dimensions proportionnelles à son ego, cela va de soi. Ainsi, le bâtiment aurait été, à l'époque, le plus haut du monde... si la construction avait été terminée. Mais la Seconde Guerre Mondiale éclata. Les projets changèrent, le béton et l'acier furent utilisés pour (re)construire le pays...
Le projet avorté devint alors une piscine en plein air. Jusqu'aux années 90, où Poutine décida de faire reconstruire cette énorme cathédrale à l'identique et à sa place initiale, sur les bords du fleuve Moskova. Ah, vous voyez qu'il est bien ce petit Vlado!

La pluie ne cessant pas, nous flânons dans les allées de l'énorme galerie du Gum, le centre commercial de luxe de la place Rouge.
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 Comment ne pas avoir une pensée pour Kagébix, 
devant le bâtiment des anciens services secrets soviétiques...
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Nous dormons dans un « hostel » en périphérie de la ville, seule lit abordable de la capitale russe devenue excessivement chère. Nous partageons donc notre chambre avec 12 autres backpackers australiens ritualisant leur tour de la vieille Europe (ses discothèques, ses jeunes filles...) et autres jeunes russes venus tenter leur chance loin de chez eux, à la capitale. Dortoirs bondés. Mais l'atmosphère est bonne, et on a une cuisine à disposition. Que demande le peuple? Pour l'intimité, on verra ça plus tard.
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Le lendemain, le temps est passé au grand ciel bleu. Nous nous baladons toute la journée dans des quartiers piétons, longeons le fleuve, passons par des parc fleuris, nous baladons dans les jardins du Kremlin... et tombons sur le pont qui a inspiré les amoureux parisiens du pont des Arts avec leurs « cadenas d'amour ». C'est le spot à la mode où viennent se faire photographier les riches couples moscovites qui viennent de se dire « da ». Tous sont venus en limousine. Comme le pays, comme la ville, comme les cathédrales, comme l'ego de Staline, ces limousines sont absolument gigantesques. Ce qui est pratique, c'est qu'on y loge à 20. Famille, témoins, amis, tout le monde rentre, et le champagne coule à flot sur les parkings au son des Na zdorovie! qui résonnent de partout.
J'aurais bien envie de vous dire que c'était l'oligarchie russe qui se la pétait, mais je serais tombé dans le cliché et surtout, je n'en suis absolument pas convaincu, tellement cela paraissait être le trip la mode. On ne se marie qu'une fois, paraît-il. Nous dénombrons une quarantaine de limousines en l'espace de deux heures. Presque autant que des Ladas (qui elles, je vais encore faire mal aux clichés, ne sont vraiment plus très nombreuses...)
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Il est compliqué de prendre un train pour St Petersbourg, mais en partant à des horaires sans nom, c'est à dire à 2h30 du matin, et pour un trajet en train lent (14h, toujours en troisième classe, bien entendu), nous finissons par quitter la capitale pour notre dernière étape russe.
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