vendredi 30 décembre 2011

далай བླ་མ་


 Ça y est. C'est le dernier jour de notre voyage, nous sommes à une douzaine d'heures du décollage de l'avion qui mettra fin à ce périple de six mois à travers toute l'Asie sur plus de 20.000 km. A ces deux ans en Asie.
Deux ans à côtoyer le bouddhisme de Borobudur à Java, jusqu'à la Bouriatie Sibérienne aux côtés de la belle Irena, à voir prier les moines bouddhistes de Hong Kong, du Vietnam, du Tibet et de Mongolie... 6 mois marqués en particulier par ces deux derniers pays et par ces deux peuples.


 Nous sommes à Tallinn, nous avons laissé les moines et leur chapeaux jaunes et avons continué notre route, toujours par voie terrestre depuis les rivages de la Mer de Chine jusqu'à la Mer Baltique. Et nous voici donc « à la maison », dans notre Union Européenne...
Au coin d'une rue, un groupe de gens attend avec des pancartes et des drapeaux autour d'un gigantesque dôme de plastique transparent. Cette fois, ce n'est pas un troupeau de touristes, mais des Estoniens. Leurs drapeaux nous rappellent vaguement quelque chose devenu familier... La CGT et la CFDT? Non, ce n'est pas ça... Il s'agit d'un soleil jaune duquel partent des rayons bleus et rouge...


 C'est le drapeau tibétain. Mais que font ces gens ici? A y regarder de plus près, nous voyons aussi plusieurs moines, dans leurs robes rouges. Une étrange sensation de les avoir laissés la veille au coin de la rue nous parcourt l'échine. Nous nous renseignons, voulant savoir ce qui se passe. La réponse nous semble aussi irréelle que brutale:
- Le Dalai Lama est là, il va passer ici dans 15-20 minutes...
- Quoi??? Le Dalai Lama??
Je vous le rappelle, Dalai Lama, c'est le chef spirituel (et temporel jusqu'à récemment) des Tibétains et des bouddhistes de l'école des Géloupas, les chapeaux jaunes.
Dalai Lama, c'est justement un nom composés de deux mots: Le premier, dalai, signifie océan en mongol. Le deuxième, lama, signifie professeur ou sage, en langue tibétaine cette fois.
La Mongolie et le Tibet en un visage, en somme.
A quelques heures de notre départ.
Gulp.


 Nous n'y croyons pas. Nous n'en revenons pas. Le mot coïncidence paraît bien faible. Quelle chance avions-nous que cela se produise aujourd'hui, et à fortiori que l'on se trouve à cet endroit précis, complètement par hasard, à 15 minutes de son passage? Franchement? Quelle probabilité de rencontrer celui dont on nous a parlé mille fois à Tagong, Litang ou Danba. Celui dont on nous demandait si nous l'avions déjà rencontré à Tsetserleg, sur les rives du Lac Blanc ou à Mandel Gobi? Quelle probabilité de voir de nos propres yeux celui que tout bouddhiste tibétain qui se respecte affiche dans un coin de son rétroviseur ou de sa yourte, que ce soit l'escroc de chauffeur de van sur la Sichuan-Tibet Highway, le Redbullisé qui nous ramène en bus jusqu'à Chengdu, au péril de nos vies, le chauffeur de taxi-mongol d'Oulan Batoor, le horseman des Huit lacs ou encore notre cher Ishka?
Nous n'en revenons absolument pas!


 Et quinze minutes plus tard, à peine le temps de trouver un spot correct et de visser le téléobjectif sur mon Canon... que le voici. Il traverse la foule et va jusqu'à la grande tente transparente qui a été dressée pour protéger un mandala effectué au cours de la semaine. Après une cohue sans nom, il parvient à en ressortir entouré de ses gardes du corps. Immédiatement après, la foule s'engouffre dans cette igloo géant de plastique. Tout le monde s'agglutine autour du mandala et emporte avec soi un peu de riz béni par sa Sainteté. En jouant des coudes, nous parvenons également à en avoir un peu.

Nous ressortons et tentons de reprendre nos esprits. Nous venons de voir le Dalai lama en chair et en os. C'est vraiment un épilogue plus qu'original pour ce voyage.


Le lendemain matin, un avion de la compagnie Estonian Air nous ramène à Paris Charles de Gaulle.
Nous atterrissons dans un pays qui s'inquiète de la perte éventuelle de son triple A. De savoir s'il vaut mieux investir ses dernières économies dans des lingots d'or ou dans des bouteilles de grands crûs... Nous repensons alors à nos nomades et à leurs préoccupations: Le pâturage durera-t-il jusqu'à cet automne? Devrai-je changer le feutre de ma yourte avant l'arrivée des grands froids? Ma laine va-t-elle moisir? Combien de bêtes vais-je perdre durant l'hiver? Ma jambe blessée va-t-elle s'infecter? Ma viande va-t-elle se conserver?

Dans l'avion, nous réfléchissions justement, perplexes, à cette idée que pour beaucoup de nos proches, ce retour constitue pour nous un « retour à la réalité »...
Mais quelle réalité?

Game Over.

jeudi 29 décembre 2011

Étonnante Estonie


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Après une petite journée de bus, nous arrivons en périphérie de la ville de Tallinn. Au passage de la frontière Russo-estonienne, nous nous imaginons la frustration de ces Russes qui sont fouillés comme de vulgaires trafiquants à cette frontière de l'Union Européenne par des petits douaniers d'une petite république qu'ils jugent certainement insignifiante, alors qu'il y a à peine plus de 20 ans, c'étaient eux les maîtres à bord...
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Nos retraits d'argent se font en euros. Un vieux tram de l'époque soviétique nous emmène jusqu'à l'une des portes de la vieille ville, fortifiée derrière un mur d'enceinte. La sensation d'être dans une petite capitale Est-européenne, l'atmosphère tranquille, ces petites maisons aux murs colorés, ces ruelles pavées, ces terrasses de café ombragées où l'on sirote une bière en cette fin de journée ensoleillée, tout cela nous rappelle beaucoup Ljubljana.
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Il faut dire que l'on compare – voire confond - souvent ces deux pays. Petite taille (même si l'Estonie est deux fois plus grande, ou moins petite, selon le point de vue), et nombre d'habitants (1,3 millions en Estonie, 2 millions en Slovénie). La comparaison s'arrête là. Ces deux pays sont très éloignés l'un de l'autre (si si), le slovène est une langue slave (comme le russe), l'estonien, une langue ouralienne (comme le finnois). Enfin, si ces deux pays ont en commun d'être encore pubères à la sortie d'un bloc communiste auquel ils prétendaient ne pas appartenir, l'Estonie était une république de l'URSS, alors que la Yougoslavie de Tito était « non alignée » c'est à dire ni sous l'influence de Washington ni sous celle de Moscou, contrairement à la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la RDA, etc.

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Encore une fois, nous posons nos sacs dans un hostel à backpackers, dans le plus gros des dortoirs jamais rencontrés jusqu'alors... 20 lits! Comme ailleurs en Europe de l'Est, avec le développement des vols low cost, les touristes occidentaux sont nombreux... Comme par exemple ces groupes d'anglais enterrant la vie de jeune garçon de l'un d'entre-eux. Et on sait ce qu'ils attendent. Sur les murs de la guest-house, on propose différentes activités. Bar à hôtesses, quad en pleine forêt boueuse, ou paintball dans des usines désaffectées... et pour ceux qui veulent plus de réalisme dans ces jeux guerriers, il y a aussi du tir à la kalachnikov... Pour une centaine d'euros, un dépliant propose de vous faire essayer « toutes les armes préférées de Schwarzenegger » !

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En Europe centrale, on voit souvent ces groupes d'anglais, touristes d'un week-end, ronds comme des queues de pelles, hurlant dans les rues jusqu'à pas d'heures, venus s'offrir strip-tease – et plus si affinités - et sensations fortes en pleine forêt des Balkans ou des Carpates, avec les armes récupérées après les guerres de Yougoslavie, tout cela à moindre frais et à seulement une heure d'avion de Londres... Pour ceux-là, l'Europe a quand même du bon!

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Nous partons découvrir un peu cette petite capitale balte avant que la nuit ne l'ait complètement enveloppée. Tina finit par admettre que c'est encore plus sympa que Ljubljana. La grande place centrale aux allures médiévales, avec ses hauts clochers aux quatre coins, est pleine de tables où les gens s'installent pour boire une bière ou manger. Des rabatteurs déguisés en bouffons polyglottes font un cinéma pas possible – avec humour plutôt qu'agressivité - pour attirer les touristes dans leurs auberges. Des serveuses en mini-jupe réalisent une chorégraphie techno-moyenâgeuse quelque peu aguicheuse en sautillant et en poussant des cris aigus devant un autre restaurant. Nous nous installons sur des bancs à une table en bois où l'on nous sert de la bière artisanale dans des godets en terre cuite et des petits pains à la viande ou aux épinards. Nous sommes instantanément charmés par l'ambiance de cet endroit.

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Le lendemain, nous faisons le tour de cette capitale. La vieille ville, le château, le port d'où partent les ferry pour Helsinki, les clochers sur lesquels on peut monter pour avoir une vue imprenable sur la vieille ville... Les bâtiment médiévaux ont été remarquablement restaurés. Cette ville constitue vraiment la surprise de cette fin de voyage. En ce qui me concerne, je dirais bien que c'est l'une des capitales européennes les plus mignonne que j'aie vues. Seule ombre au tableau de cette mi-août, c'est que nous ne sommes pas venus seuls. Toute la matinée, dans certains coins de la ville, nous sommes dans un flot ininterrompu de groupes de touristes seniors – ou devrais-je dire de troupeaux vue la lenteur de leurs déplacements et la difficulté de leurs bergers, pardon, de leurs guides, à ne pas les perdre, un parapluie fluo ayant remplacé le fameux bâton. Tour à tour, ils bouchent les rues. C'est que tout cela est très bien organisé: De 9 à 11h, ce sont les Italiens, de 10 à 12h, les Espagnols, et de 11 à 13h, les Français... (pas vu d'Allemands!) Heureusement, il y a la loi des 80-20%: 80% des touristes se concentrent dans 20% des endroits... et inversement. Et de toute façon, l'après midi, ces groupes doivent avoir une autre activité au programme, puisqu'il n'y en a plus un dans les rues.

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En milieu d'après midi, nous retombons tout de même au beau milieu d'un énorme groupe de gens, mais étant donné le charabia qui sort de leur bouche, ceux là ne sont pas des touristes. Ce doit être des locaux! Nous n'étions pas au bout de nos surprises...
Mais ça nous vous le raconterons la prochaine fois.

;) T&B

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mardi 27 décembre 2011

Санкт-Петербург


 
A 2h30 du matin, le train quitte la gare de Leningrad en direction de la deuxième ville de Russie, la moderne, l'ancienne capitale à l'esthétique jugée étrangère par les Russes, bordée par la mer baltique, avec ses canaux et ses ponts, la rivale de Paris ou Venise au rang des plus belles villes européennes, construite au début du XVIIIe par la tsar Pierre le Grand. Aujourd'hui, c'est surtout la ville de Poutine...
Dans le train, nous rencontrons évidemment beaucoup de monde. Nous découvrons à quel point cette ville est aimée par le peuple russe. Il s'agit presque d'un pèlerinage pour eux.

Au bout de 14h de trajet, nous arrivons à Saint Petersbourg.

C'est notre dernière étape en Russie. Encore une fois, le moral un peu dans les chaussettes, nous visitons la ville entre deux averses.

 



 
Et puis ça se termine pour la Russie. Nous avons nos billets d'avion pour Paris. Nous décollerons de Tallinn. Nous achetons nos billets de bus pour la capitale estonienne un jour plus tôt, histoire de s'offrir une toute dernière escale avant le retour au bercail.

Nous ne serons pas déçus.
Inch' Allah, nous vous posterons cela avant la fin de l'année...

;)
T&B