vendredi 30 décembre 2011

далай བླ་མ་


 Ça y est. C'est le dernier jour de notre voyage, nous sommes à une douzaine d'heures du décollage de l'avion qui mettra fin à ce périple de six mois à travers toute l'Asie sur plus de 20.000 km. A ces deux ans en Asie.
Deux ans à côtoyer le bouddhisme de Borobudur à Java, jusqu'à la Bouriatie Sibérienne aux côtés de la belle Irena, à voir prier les moines bouddhistes de Hong Kong, du Vietnam, du Tibet et de Mongolie... 6 mois marqués en particulier par ces deux derniers pays et par ces deux peuples.


 Nous sommes à Tallinn, nous avons laissé les moines et leur chapeaux jaunes et avons continué notre route, toujours par voie terrestre depuis les rivages de la Mer de Chine jusqu'à la Mer Baltique. Et nous voici donc « à la maison », dans notre Union Européenne...
Au coin d'une rue, un groupe de gens attend avec des pancartes et des drapeaux autour d'un gigantesque dôme de plastique transparent. Cette fois, ce n'est pas un troupeau de touristes, mais des Estoniens. Leurs drapeaux nous rappellent vaguement quelque chose devenu familier... La CGT et la CFDT? Non, ce n'est pas ça... Il s'agit d'un soleil jaune duquel partent des rayons bleus et rouge...


 C'est le drapeau tibétain. Mais que font ces gens ici? A y regarder de plus près, nous voyons aussi plusieurs moines, dans leurs robes rouges. Une étrange sensation de les avoir laissés la veille au coin de la rue nous parcourt l'échine. Nous nous renseignons, voulant savoir ce qui se passe. La réponse nous semble aussi irréelle que brutale:
- Le Dalai Lama est là, il va passer ici dans 15-20 minutes...
- Quoi??? Le Dalai Lama??
Je vous le rappelle, Dalai Lama, c'est le chef spirituel (et temporel jusqu'à récemment) des Tibétains et des bouddhistes de l'école des Géloupas, les chapeaux jaunes.
Dalai Lama, c'est justement un nom composés de deux mots: Le premier, dalai, signifie océan en mongol. Le deuxième, lama, signifie professeur ou sage, en langue tibétaine cette fois.
La Mongolie et le Tibet en un visage, en somme.
A quelques heures de notre départ.
Gulp.


 Nous n'y croyons pas. Nous n'en revenons pas. Le mot coïncidence paraît bien faible. Quelle chance avions-nous que cela se produise aujourd'hui, et à fortiori que l'on se trouve à cet endroit précis, complètement par hasard, à 15 minutes de son passage? Franchement? Quelle probabilité de rencontrer celui dont on nous a parlé mille fois à Tagong, Litang ou Danba. Celui dont on nous demandait si nous l'avions déjà rencontré à Tsetserleg, sur les rives du Lac Blanc ou à Mandel Gobi? Quelle probabilité de voir de nos propres yeux celui que tout bouddhiste tibétain qui se respecte affiche dans un coin de son rétroviseur ou de sa yourte, que ce soit l'escroc de chauffeur de van sur la Sichuan-Tibet Highway, le Redbullisé qui nous ramène en bus jusqu'à Chengdu, au péril de nos vies, le chauffeur de taxi-mongol d'Oulan Batoor, le horseman des Huit lacs ou encore notre cher Ishka?
Nous n'en revenons absolument pas!


 Et quinze minutes plus tard, à peine le temps de trouver un spot correct et de visser le téléobjectif sur mon Canon... que le voici. Il traverse la foule et va jusqu'à la grande tente transparente qui a été dressée pour protéger un mandala effectué au cours de la semaine. Après une cohue sans nom, il parvient à en ressortir entouré de ses gardes du corps. Immédiatement après, la foule s'engouffre dans cette igloo géant de plastique. Tout le monde s'agglutine autour du mandala et emporte avec soi un peu de riz béni par sa Sainteté. En jouant des coudes, nous parvenons également à en avoir un peu.

Nous ressortons et tentons de reprendre nos esprits. Nous venons de voir le Dalai lama en chair et en os. C'est vraiment un épilogue plus qu'original pour ce voyage.


Le lendemain matin, un avion de la compagnie Estonian Air nous ramène à Paris Charles de Gaulle.
Nous atterrissons dans un pays qui s'inquiète de la perte éventuelle de son triple A. De savoir s'il vaut mieux investir ses dernières économies dans des lingots d'or ou dans des bouteilles de grands crûs... Nous repensons alors à nos nomades et à leurs préoccupations: Le pâturage durera-t-il jusqu'à cet automne? Devrai-je changer le feutre de ma yourte avant l'arrivée des grands froids? Ma laine va-t-elle moisir? Combien de bêtes vais-je perdre durant l'hiver? Ma jambe blessée va-t-elle s'infecter? Ma viande va-t-elle se conserver?

Dans l'avion, nous réfléchissions justement, perplexes, à cette idée que pour beaucoup de nos proches, ce retour constitue pour nous un « retour à la réalité »...
Mais quelle réalité?

Game Over.

jeudi 29 décembre 2011

Étonnante Estonie


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Après une petite journée de bus, nous arrivons en périphérie de la ville de Tallinn. Au passage de la frontière Russo-estonienne, nous nous imaginons la frustration de ces Russes qui sont fouillés comme de vulgaires trafiquants à cette frontière de l'Union Européenne par des petits douaniers d'une petite république qu'ils jugent certainement insignifiante, alors qu'il y a à peine plus de 20 ans, c'étaient eux les maîtres à bord...
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Nos retraits d'argent se font en euros. Un vieux tram de l'époque soviétique nous emmène jusqu'à l'une des portes de la vieille ville, fortifiée derrière un mur d'enceinte. La sensation d'être dans une petite capitale Est-européenne, l'atmosphère tranquille, ces petites maisons aux murs colorés, ces ruelles pavées, ces terrasses de café ombragées où l'on sirote une bière en cette fin de journée ensoleillée, tout cela nous rappelle beaucoup Ljubljana.
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Il faut dire que l'on compare – voire confond - souvent ces deux pays. Petite taille (même si l'Estonie est deux fois plus grande, ou moins petite, selon le point de vue), et nombre d'habitants (1,3 millions en Estonie, 2 millions en Slovénie). La comparaison s'arrête là. Ces deux pays sont très éloignés l'un de l'autre (si si), le slovène est une langue slave (comme le russe), l'estonien, une langue ouralienne (comme le finnois). Enfin, si ces deux pays ont en commun d'être encore pubères à la sortie d'un bloc communiste auquel ils prétendaient ne pas appartenir, l'Estonie était une république de l'URSS, alors que la Yougoslavie de Tito était « non alignée » c'est à dire ni sous l'influence de Washington ni sous celle de Moscou, contrairement à la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la RDA, etc.

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Encore une fois, nous posons nos sacs dans un hostel à backpackers, dans le plus gros des dortoirs jamais rencontrés jusqu'alors... 20 lits! Comme ailleurs en Europe de l'Est, avec le développement des vols low cost, les touristes occidentaux sont nombreux... Comme par exemple ces groupes d'anglais enterrant la vie de jeune garçon de l'un d'entre-eux. Et on sait ce qu'ils attendent. Sur les murs de la guest-house, on propose différentes activités. Bar à hôtesses, quad en pleine forêt boueuse, ou paintball dans des usines désaffectées... et pour ceux qui veulent plus de réalisme dans ces jeux guerriers, il y a aussi du tir à la kalachnikov... Pour une centaine d'euros, un dépliant propose de vous faire essayer « toutes les armes préférées de Schwarzenegger » !

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En Europe centrale, on voit souvent ces groupes d'anglais, touristes d'un week-end, ronds comme des queues de pelles, hurlant dans les rues jusqu'à pas d'heures, venus s'offrir strip-tease – et plus si affinités - et sensations fortes en pleine forêt des Balkans ou des Carpates, avec les armes récupérées après les guerres de Yougoslavie, tout cela à moindre frais et à seulement une heure d'avion de Londres... Pour ceux-là, l'Europe a quand même du bon!

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Nous partons découvrir un peu cette petite capitale balte avant que la nuit ne l'ait complètement enveloppée. Tina finit par admettre que c'est encore plus sympa que Ljubljana. La grande place centrale aux allures médiévales, avec ses hauts clochers aux quatre coins, est pleine de tables où les gens s'installent pour boire une bière ou manger. Des rabatteurs déguisés en bouffons polyglottes font un cinéma pas possible – avec humour plutôt qu'agressivité - pour attirer les touristes dans leurs auberges. Des serveuses en mini-jupe réalisent une chorégraphie techno-moyenâgeuse quelque peu aguicheuse en sautillant et en poussant des cris aigus devant un autre restaurant. Nous nous installons sur des bancs à une table en bois où l'on nous sert de la bière artisanale dans des godets en terre cuite et des petits pains à la viande ou aux épinards. Nous sommes instantanément charmés par l'ambiance de cet endroit.

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Le lendemain, nous faisons le tour de cette capitale. La vieille ville, le château, le port d'où partent les ferry pour Helsinki, les clochers sur lesquels on peut monter pour avoir une vue imprenable sur la vieille ville... Les bâtiment médiévaux ont été remarquablement restaurés. Cette ville constitue vraiment la surprise de cette fin de voyage. En ce qui me concerne, je dirais bien que c'est l'une des capitales européennes les plus mignonne que j'aie vues. Seule ombre au tableau de cette mi-août, c'est que nous ne sommes pas venus seuls. Toute la matinée, dans certains coins de la ville, nous sommes dans un flot ininterrompu de groupes de touristes seniors – ou devrais-je dire de troupeaux vue la lenteur de leurs déplacements et la difficulté de leurs bergers, pardon, de leurs guides, à ne pas les perdre, un parapluie fluo ayant remplacé le fameux bâton. Tour à tour, ils bouchent les rues. C'est que tout cela est très bien organisé: De 9 à 11h, ce sont les Italiens, de 10 à 12h, les Espagnols, et de 11 à 13h, les Français... (pas vu d'Allemands!) Heureusement, il y a la loi des 80-20%: 80% des touristes se concentrent dans 20% des endroits... et inversement. Et de toute façon, l'après midi, ces groupes doivent avoir une autre activité au programme, puisqu'il n'y en a plus un dans les rues.

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En milieu d'après midi, nous retombons tout de même au beau milieu d'un énorme groupe de gens, mais étant donné le charabia qui sort de leur bouche, ceux là ne sont pas des touristes. Ce doit être des locaux! Nous n'étions pas au bout de nos surprises...
Mais ça nous vous le raconterons la prochaine fois.

;) T&B

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mardi 27 décembre 2011

Санкт-Петербург


 
A 2h30 du matin, le train quitte la gare de Leningrad en direction de la deuxième ville de Russie, la moderne, l'ancienne capitale à l'esthétique jugée étrangère par les Russes, bordée par la mer baltique, avec ses canaux et ses ponts, la rivale de Paris ou Venise au rang des plus belles villes européennes, construite au début du XVIIIe par la tsar Pierre le Grand. Aujourd'hui, c'est surtout la ville de Poutine...
Dans le train, nous rencontrons évidemment beaucoup de monde. Nous découvrons à quel point cette ville est aimée par le peuple russe. Il s'agit presque d'un pèlerinage pour eux.

Au bout de 14h de trajet, nous arrivons à Saint Petersbourg.

C'est notre dernière étape en Russie. Encore une fois, le moral un peu dans les chaussettes, nous visitons la ville entre deux averses.

 



 
Et puis ça se termine pour la Russie. Nous avons nos billets d'avion pour Paris. Nous décollerons de Tallinn. Nous achetons nos billets de bus pour la capitale estonienne un jour plus tôt, histoire de s'offrir une toute dernière escale avant le retour au bercail.

Nous ne serons pas déçus.
Inch' Allah, nous vous posterons cela avant la fin de l'année...

;)
T&B

dimanche 20 novembre 2011

Москва

 
Ouille ouille ouille.
Comment justifier ce si long silence? Non, le transsibérien, c'est long, c'est lent. Voici une excellente justification. Trois jours et trois nuits dans un train, ça vaut bien un mois à attendre le nouveau billet du blog! N'est-ce pas?
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Nous voici donc à Moscou la Mère, comme l'appellent les Russes. Nous sommes à 5.000km du Baïkal, à 10.000 de Vladivostok, et pourtant, nous sommes toujours dans le même pays.
La première impression ne se fait pas attendre. Avec ses boulevards de 16 voies (2 x 8) et ses gratte-ciels pyramidaux, la capitale russe vous envoie sa taille et son rythme en pleine figure dès que vous descendez du train. 10 millions d'habitants intra-muros (5 fois Paris), 15 millions avec ses banlieues. C'est gigantesque. L'histoire est partout: Ce salaud de Napoléon par ci par là, statue de Marx, gare de Lénine, dégâts de Staline, portraits de Poutine, Medvedev aussi, de temps en temps, en figurines souvenirs en plastoc, entre une horloge aux couleurs du pays et des babouchkas 8 pièces, versions hommes d'état russes (vous savez, ces poupées russes qu'on emboite les unes dans les autres). D'abord, vous avez Lénine, grand et beau, puis, à l'intérieur, Staline, forcément un peu plus petit mais à la moustache impeccable (c'est que les Staliniens sont encore nombreux ici), puis le beaucoup moins poilu Khrouchtchev, puis Brejnev, puis ce traitre de Gorbatchev, puis cet incompris d'Eltsine, puis Poutine, fier comme pou(l), et enfin... le petit dernier, tel un tout petit bébé, Medvedev...
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La première journée est pluvieuse. Nous nous concentrons donc sur les visites qui nous évitent de trop nous mouiller! Nous ne pouvons pas ne pas commencer par la place Rouge, toutefois, nous nous abstiendrons d'aller saluer Lénine dans son mausolée. Nous passons un bon moment à méditer sur l'architecture de la cathédrale Basile le Bienheureux, avec son allure de gâteau disneyesque trop sucré et aux murs intérieurs archi décorés. Un monument à elle seule, le plus emblématique de la ville, qui plus est. Mais cela vaut le détour.
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Dans un style orthodoxe (religieusement parlant) et plus classique, la cathédrale de Christ-Sauveur est imposante et étonnante, car elle résume un peu de fait l'histoire russe des XIXe et XXe siècles. Construite par Alexandre Ier en mémoire de la victoire des Russes sur Napoléon, elle fut détruite par Staline qui voulut y construire le Palais des Soviets à la place, à des dimensions proportionnelles à son ego, cela va de soi. Ainsi, le bâtiment aurait été, à l'époque, le plus haut du monde... si la construction avait été terminée. Mais la Seconde Guerre Mondiale éclata. Les projets changèrent, le béton et l'acier furent utilisés pour (re)construire le pays...
Le projet avorté devint alors une piscine en plein air. Jusqu'aux années 90, où Poutine décida de faire reconstruire cette énorme cathédrale à l'identique et à sa place initiale, sur les bords du fleuve Moskova. Ah, vous voyez qu'il est bien ce petit Vlado!

La pluie ne cessant pas, nous flânons dans les allées de l'énorme galerie du Gum, le centre commercial de luxe de la place Rouge.
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 Comment ne pas avoir une pensée pour Kagébix, 
devant le bâtiment des anciens services secrets soviétiques...
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Nous dormons dans un « hostel » en périphérie de la ville, seule lit abordable de la capitale russe devenue excessivement chère. Nous partageons donc notre chambre avec 12 autres backpackers australiens ritualisant leur tour de la vieille Europe (ses discothèques, ses jeunes filles...) et autres jeunes russes venus tenter leur chance loin de chez eux, à la capitale. Dortoirs bondés. Mais l'atmosphère est bonne, et on a une cuisine à disposition. Que demande le peuple? Pour l'intimité, on verra ça plus tard.
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Le lendemain, le temps est passé au grand ciel bleu. Nous nous baladons toute la journée dans des quartiers piétons, longeons le fleuve, passons par des parc fleuris, nous baladons dans les jardins du Kremlin... et tombons sur le pont qui a inspiré les amoureux parisiens du pont des Arts avec leurs « cadenas d'amour ». C'est le spot à la mode où viennent se faire photographier les riches couples moscovites qui viennent de se dire « da ». Tous sont venus en limousine. Comme le pays, comme la ville, comme les cathédrales, comme l'ego de Staline, ces limousines sont absolument gigantesques. Ce qui est pratique, c'est qu'on y loge à 20. Famille, témoins, amis, tout le monde rentre, et le champagne coule à flot sur les parkings au son des Na zdorovie! qui résonnent de partout.
J'aurais bien envie de vous dire que c'était l'oligarchie russe qui se la pétait, mais je serais tombé dans le cliché et surtout, je n'en suis absolument pas convaincu, tellement cela paraissait être le trip la mode. On ne se marie qu'une fois, paraît-il. Nous dénombrons une quarantaine de limousines en l'espace de deux heures. Presque autant que des Ladas (qui elles, je vais encore faire mal aux clichés, ne sont vraiment plus très nombreuses...)
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Il est compliqué de prendre un train pour St Petersbourg, mais en partant à des horaires sans nom, c'est à dire à 2h30 du matin, et pour un trajet en train lent (14h, toujours en troisième classe, bien entendu), nous finissons par quitter la capitale pour notre dernière étape russe.
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dimanche 23 octobre 2011

Transsibérien

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Ce sera donc le Rossiya qui nous emmènera à Moscou. Le Rossiya, c'est LE transsibérien, celui auquel tout le monde pense en prononçant le nom de cette ligne. Car en fait, tous les trains, régionaux, ne faisant que le trajet entre deux villes sibériennes, ou ceux parcourant les 10.000 kilomètres séparant le Pacifique de la capitale russe, sont des transsibériens. Il n'y a qu'une ligne allant d'un bout à l'autre. Le Rossiya est le seul train enchainant les tchacatchacs à travers toute la Sibérie, sans relâche de Vladivostock à Moscou et inversement, arborant fièrement à travers plaines et taïga les couleurs nationales blanc, bleu et rouge de ses wagons .

Nous montons dans notre wagon, en classe plastkartni. Un peu plus de 70 heures en 3ème classe, ça risque d'être long, mais nos finances – ou plutôt le peu qu'il en reste - nous y obligent. Il s'agit d'un wagon de 60 personnes, sans véritables cloisons fermant les compartiments, sans portes, sans rideaux. Tout les passagers vivent ensemble pendant toute la durée du voyage. Il faut donc espérer avoir des voisins sympa, parce qu'en réalité, le transsibérien, c'est peut-être avant tout les voyageurs avec qui l'on partage l'espace entre quatre couchettes, les tentatives de discussion dans la langue de l'un ou de l'autre, dans un baragouinement d'anglais ou, au pire, dans des tentatives désespérées de mimes. Et elles ont toujours été sympa ces rencontres, jusque là. Car, rappelez vous, pour nous, le transsibérien a commencé à Pékin. Il y eu d'abord ces jeunes Mongols de l'Est, qui, dans leurs livres, nous firent découvrir leur pays sans songer que nous en tomberions vite amoureux. Puis il y eu Malte et Verena, avec qui nous commencions à faire connaissance avant de nous lancer sur les pistes des steppes pendant trois semaines. Et puis il y eu Irena, qui est peut-être mariée à l'heure qu'il est. Qui serons nos camarades de voyage, cette fois-ci?

Le temps de mettre nos sacs sous les banquettes en skaï ou dans les filets au dessus de nos têtes et de nous installer, Tina en haut et moi en bas (choix stratégique), un jeune russe d'une vingtaine d'années prend place sur la couchette en face de la mienne. Zdrastvouytye. Il s'assied sur sa banquette, face à moi, et me regarde. Dans un anglais hésitant, il me demande, avec un sourire espiègle:
- Étrangers, n'est-ce pas?
- Oui.
- J'en étais sûr.
Et il continue de préparer sa couche. Interloqué qu'il ne me demande pas d'où nous venons, comme si le simple fait de savoir que nous ne sommes pas russes lui suffisait à satisfaire sa curiosité, je fais comme lui et m'occupe avec mes draps et couvertures.
Puis une femme monte, la quarantaine. Elle aura la deuxième couchette du haut. Elle parle en russe avec le jeune. Ils nous regardent, chacun y va de ses hypothèses pour savoir d'où nous venons. La femme a les yeux vitreux et son sac en plastique fait des bruits de bouteilles qui s'entrechoquent.

Ça promet.

Mais, même russe, une femme reste une femme, et sa curiosité va plus loin que celle du jeune homme. Elle ne parle pas anglais, elle lui demande donc de nous poser des questions.
- Elle veut savoir d'où vous venez.
- France et Slovénie.
- Ah. Et vous vous êtes rencontrés en voyage?
- Oui... Il y a 9 ans.
Il traduit. Ils ne commentent pas. J'enchaine.
- Et vous? Êtes-vous d'Irkoutsk?
- Oui.
Silence... Ça change des pays traversés auparavant où les gens montraient toujours beaucoup de curiosité à notre égard, ce qui facilitait le contact. Ici, nous ne somme plus si spéciaux après tout. Il faudra se réhabituer à être « normaux ». J'enchaine donc, dans l'espoir d'en savoir un peu plus sur eux.
- Et où allez vous?
- A Krasnoyarsk, les deux.
D'une certaine manière, je suis rassuré. Nous n'aurons pas à les supporter pendant trois jours s'ils s'avèrent être de véritables portes de goulags.
- Et vous? J'imagine que vous allez à Moscou, continue le garçon. 
- Oui. (Décidément, il devine tout).
La conversation finit par prendre.
- Elle est bourrée. Et ce qu'elle raconte n'a pas beaucoup de sens, nous confie-t-il en désignant la femme. Elle s'appelle Svetlana, et moi, c'est Vitaly.
- Regardez ce que j'ai dans mon sac, nous dit elle. Des bières. Vous en voulez?
Vitaly refuse gentiment, nous permettant de décliner cette invitation sans avoir l'impression d'être trop impolis. Il nous explique que, en Russie, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer en Europe de l'Ouest, il est rigoureusement interdit de boire dans le train. La provodnitsa, la responsable du wagon, veille sur le calme, la propreté, le samovar, et vend des petites friandises, du thé et du café. Elle a l'œil partout. En plus, elle loge juste derrière nous et a d'ailleurs déjà repéré l'allure de soûlarde de Svetlana. Si elle nous prenait à boire de l'alcool, l'amende serait lourde.
Mais Svetlana insiste et nous explique la technique pour ne pas se faire attraper. En fait, selon elle, ce sont les bouteilles d'alcool qui sont interdites. Il suffit donc d'avoir des verres... et de cacher les bouteilles. Mais bien sûr! Et si on nous demande, nous dirons que c'est du jus de pomme! Les deux russes, en habitués des trajets à rallonge, ont justement leurs gobelets avec eux, mais nous n'en avons pas. Qu'à cela ne tienne, Svetlana va voir la provodnitsa. Elle revient avec des sachets de café instantané... et des verres. Les capsules sautent, nous voici trinquant avec nos timbales en aluminiums et nos godets émaillés. Trois étudiants tchèques, voisins et voisines de couchettes, que le bruit et l'odeur auront sans doute attirés, nous rejoignent. La provodnitsa, pas vraiment dupe, nous repère vite. Aïe. Elle emmène Svetlana à part pour lui parler. Nous redoutons la contravention. Et puis Svetlana revient avec 7 canettes d'un demi litre de Baltika, la bière locale. C'est la Provodnitsa qui les a sorties d'entre ses piles de draps. Elle les vend au noir et double ainsi son salaire. Nous descendons les litres rapidement, retournant plusieurs fois nous ravitailler auprès de la chef de bord.

Alors que la nuit tombe et que le wagon commence à s'endormir, nous parlons de plus en plus fort. Tina et moi sommes évidemment les premiers à tituber verbalement. Mais il est compliqué de communiquer, Svetlana ne parlant pas un mot d'anglais. Vitaly a une idée, jouons au jeu des mimes. Il faut se faire deviner des mots, des expressions ou des phrases en les mimant. Ceci devrait résoudre le double problème de la langue et du bruit. Mais ça ne marche pas du tout, nous faisons évidemment encore plus de bruit.
De l'atmosphère que je trouvais encore glaciale il y a quelques heures, nous passons à une franche rigolade. Polyglotte. Les excités du wagon, ceux qui empêchent 50 personnes de dormir, c'est nous. Un peu gênés, nous constatons que personne de viendra se plaindre. Pas même la provodnitsa. J'imagine qu'elle assume. En troisième classe, on amène ses boules Quiès et on supporte. Ou alors on paye pour être en kupe!

Le lendemain matin, la gueule de bois n'est pas arrangée par le roulis du train. Il n'y a pas idée de prendre le transsibérien lorsque l'on supporte aussi mal l'alcool que nous deux! Nous discutons avec Vitaly et Svetlana. Elle nous raconte qu'elle vient de perdre son père, elle retourne chez elle après les funérailles. Voici qui explique son état, hier. Vitaly nous explique qu'il va retrouver sa copine, et qu'il prendront l'avion pour aller passer le week-end à St Saint-Pétersbourg. Nous parlons histoire, politique. Il mentionne Napoléon, je lui précise que les Français l'aiment bien moins qu'il ne l'imagine. Je mentionne Poutine, il me réplique que les Russes l'aiment bien plus que nous ne l'imaginons. Et Medvedev? Un pantin. Nous voici d'accord. Nous échangeons nos e-mails. Faisons une photo. Les deux reprennent alors cette tête d'enterrement typique des Russes. En regardant ce que ça donne sur l'écran de l'appareil, ils se marrent tous les deux. Un Russe ne sait pas sourire sur une photo, nous disent-ils, ça fait partie des choses immuables de ce pays. Et puis ce sont les embrassades d'adieux. Le train, beaucoup trop tôt à notre goût, a fini par arriver à Krasnoyarsk. C'est avec regret et émotions que nous laissons partir nos deux compagnons d'une nuit d'ivresse. Première leçon russe: Dans ce pays, la glace peut être épaisse, et après l'hiver, c'est le printemps. Il faut donc savoir ne pas s'arrêter à cette froideur de surface, et laisser sourdre la chaleur des Russes. Elle finira par enivrer autant que leur vodka, peut-être de façon aussi pernicieuse et inattendue.
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Le train repart. Encore une soixantaine d'heures à faire. Nous traversons notre premier fuseau horaire. Il y en aura quatre autres, en trois jours. Rapidement, on ne sait plus trop où on en est.
A bord, on se nourrit principalement de thé et de Dochirak, ces nouilles déshydratées au bœuf ou au poulet. Le samovar en bout de wagon fournit de l'eau bouillante à volonté. Quand le train s'arrête en gare, c'est pour 10 à 20 minutes, le temps de se dégourdir un peu les jambes, de trouver une de ces mamies sur le quai qui, pour quelques roubles, vous vendra des œufs durs, des pommes de terres chaudes ou une cuisse de poulet qu'elles sortent de leurs glacières. Avec un peu de chance, et à conditions d'être assez rapide, on aura peut-être droit à quelques produits frais qui se font tant désirer sur ce train: tomates, concombres, pommes.

A Krasnoyarsk, c'est une jeune femme avec sa petite gamine de 4 ou 5 ans qui prend la place de Vitaly. Puis un homme des bois qui prendra la couchette du haut. Là, plus personne ne parle anglais. Difficile de communiquer, autrement que par des regards furtifs, timides, des sourires. Et puis par le partage, première règle à bord de ce train. Biscuits, crackers salés, cacahuètes ou pignons de pin, on distribue à droite et à gauche. La gamine est une vraie pipelette, incroyable. Elle se balade dans tout le wagon et fait connaissance avec tout le monde. Notre voisine de couchette finit par l'adopter, nounou temporaire de voyage. 
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Les journées se ressemblent. Le paysage défile à 60 km/h. Des bouleaux, des cabanes en bois, des petits villages. Tchacatchac tachacatchac, sur le même rythme que le passage des poteaux électriques. On regarde dehors de temps en temps, et puis on se remet à dormir, ou on se replonge dans son bouquin. C'est le moment de remettre à jour le carnet de route. Tchacatchac tchacatchac, comme une berceuse. Les autres voyageurs sont calmes. Ils dorment. Chacun a son rythme dans ce train. Certains sont aux Dochirak et saucisson sec à 8h du matin avant d'attaquer une énième partie de cartes, d'autres sont au chocolat chaud à midi, entre deux siestes. Un touriste, au fond, s'efforce de lire son Guerre et Paix. Il s'était juré de l'avaler jusqu'à la dernière page avant d'arriver au bout de la ligne. Mais c'est peine perdue. Personne ne le lui a dit, mais dans le transsibérien, on n'a pas le temps de lire tant que ça. Trop de rencontres, trop de partage.
Dehors, c'est toujours le même paysage, qui défile lentement. On se sent comme dans une bulle de savon incontrôlable, filant au gré du vent, nous isolant du paysage que l'on voit pourtant défiler passivement sous nos yeux, en silence. Personnellement, j'ai trouvé cette expérience frustrante, d'une certaine façon, parce que j'aurais aimé pouvoir sauter du train et visiter ces petits villages le long de la voie ferrée. Connaître la Sibérie rurale. Rencontrer la mamie qui retourne la terre de son potager, le papi sur son tracteur, l'éleveur qui réunit ses bêtes, la famille qui rentre à pied au village. Faire la campagne de Russie. A ma façon. Et en hiver. De la Carélie au Kamtchatka, en passant par St-Petersbourg et la mer Baltique gelée puis par les territoires touvains de l'Altaï où vivent les nomades et les chamanes. Ce sera dans un prochain voyage, peut-être. En deux roues. Ou trois, au guidon d'un side-car vert, comme celui de Boltchykoti. Avec un vieux casque en cuir et de grosses lunettes d'aviateur, à fond sur la glace du lac Baïkal ou longeant les rives de l'Amour. Traversant les 10 fuseaux horaires du pays à ma vitesse. Ah ouais, ça aurait de la gueule, ça !
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Après notre deuxième nuit à bord, arrivés à Novosibirsk, la mère et sa gamine laissent place à... une autre gamine du même âge, mais cette fois, accompagnée de sa grand-mère. Bien moins pipelette, bien plus pleurnicharde (la gamine). Pas plus facile de communiquer, mais la mamie, une experte en origamis, décidera de nous faire partager son savoir-faire. Nous voici à plier religieusement des petits bouts de papier dans tous les sens, jusqu'à ce qu'ils se transforment, comme par magie après le dernier pliage, en petits anges. Et notre voisin de derrière se met à jouer de la guitare et à chanter.
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Tina commençait à tourner en rond, moi, j'aurais finalement pu y passer encore un ou deux jours. C'est reposant, ce train, ça fait du bien. Et puis... Je n'ai pas envie d'arriver. Ce trajet, c'était trop tôt le début de la fin. Et voilà. Nous sommes déjà sur les immenses quai de la gare de Leningrad, à Moscou.
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samedi 15 octobre 2011

Baïkal

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Le minibus quitte la place du marché d'Irkoutsk et très vite, file sur l'étroit bandeau d'asphalte qui a été tiré en une parfaite ligne droite entre la capitale régionale et les rives Sud du lac Baïkal, à travers une épaisse taïga, typique de cette région de Sibérie orientale.
C'est donc dans la petite cité lacustre de Listvyanka que nous nous posons trois jours, histoire de souffler un peu, et de récupérer de la fatigue accumulée depuis que nous avons quitté Pékin, en dormant de longues nuits dans le silence sibérien, et en nous délectant des spécialités locales: l'omoul (le poisson du lac) fumé, le pain local à la couleur brune, et le kéfir, cette boisson lactée au goût fort et acide.

Au bout d'un chemin de terre, à l'écart du reste du village, nous nous installons dans un petit chalet entièrement en bois (il faut dire que les arbres ne manquent pas par ici). L'excentrique propriétaire nous explique où vont les 2 chemins qui passent à proximité du chalet.
- Par là, vous rejoignez le lac, par ici, vous passez une montagne et vous trouverez une jolie église et un petit hameau où l'on peut faire du chien de traineau en hiver, et puis si vous continuez par là-bas, au bout de quelques heures, vous devriez tomber nez-à-nez avec un ours.
Nous voici avertis.

Nous farnientons la première journée sur les rives de cette magnifique masse bleue, à la beauté saisissante. Long de plus de 600 km par environ 50, le lac fait une fois et demie la superficie de la Slovénie (vous rendez-vous compte?). Son eau est réputée pour sa pureté, et en hiver, le lac étant entièrement gelé sur 50 à 70 cm, les bateaux sont remplacés par des Jeeps, des Uaz et des camions militaires, qui utilisent alors le lac comme une immense autoroute.
Avec ses 1600 m de profondeur, ce lac contiendrait suffisamment d'eau douce pour abreuver l'humanité entière sur une période de 40 ans... Mais alors, me direz-vous, pourquoi les Russes boivent-ils autant de vodka?

Nous rencontrons les charmantes commerçantes du village. Du jamais vu. Entrez dans un magasin, et vous aurez immédiatement le réflexe de vous excuser d'avoir eu l'audace d'importuner la dame qui était assise au bord de la fenêtre, à attendre désespérément que la journée se termine. Déjà, pour lui faire quitter sa chaise, il faut insister sur le « Zdrastvouytye », salutation locale. Sans vous rendre le bonjour, elle vous regarde inexpressive, glaciale et hermétique. Lorsqu'en plus, elle s'aperçoit que vous ne parlez pas russe, alors là, c'est mort, c'est la fin des haricots. Elle soupire, râle, s'efforce de vous montrer à quel point il lui est pénible d'essayer de vous comprendre. Vous montrez du doigt ce que vous voulez, elle s'évertue à ne pas comprendre. Elle prend un malin plaisir à vous poser, en russe, des questions inutiles auxquelles vous êtes incapable de répondre, vous remettant habilement l'échec de la transaction sur le dos. Se nourrir dans ce patelin est une véritable épreuve, un tour de force. Il faudra vous estimer heureux si vous parvenez à ressortir avec un ou deux filets de poisson, un bout de pain ou quelques grammes de vache-qui-rit locale. Il n'y a pas idée de déranger les gens ainsi... Étrange pays.
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Un matin, nous prenons un bateau qui longe la rive Ouest sur une vingtaine de kilomètres vers le Nord, et nous pose à Boltchykoti, tout petit village de maisonnettes de poupées en bois sombre et aux volets colorés. Le hameau n'est accessible que par le lac ou à pied. L'endroit est absolument charmant. Le temps est superbe. Le vieux side-car vert que l'on a remarqué en descendant du bateau semble être le seul engin motorisé du coin.
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Le lac imprègne l'endroit d'une formidable sérénité. Çà et là, dans les jardins, au bord des chemins ou sur les galets du rivage, des fûts en métal recyclés en fumoirs à omoul enveloppent le village endormi d'un appétissant fumet de poisson. Assises devant leurs maisons, on se demande quels ragots peuvent se raconter les mamies. Les quelques gamins du bled s'amusent dans les épaves de camions de l'armée russe, rouillant au fond d'un jardin. Des vaches sans pâturage fixe, squateuses de maisons abandonnées, nous regardent passer de leur yeux inexpressifs, la tête par la fenêtre de leur todis. Et puis éberlués, depuis des pontons bricolés sur la rive, nous regardons les femmes du village plongeant sans hésitation dans cette eau qui ne doit pas dépasser les 12 degrés. 
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Nous savourons longuement l'ambiance paisible de ce hameau, puis longeons le lac vers le Sud, en direction de Listvyanka.
L'étroit chemin, absolument pas balisé, mais assez visible au début, devient de plus en plus compliqué à pratiquer, nous emmenant souvent au bord de la falaise, 30 mètres à pic au dessus de l'eau, nous faisant risquer de sérieuses chutes. Nous empruntons donc d'autres chemins qui partent davantage à travers les arbres, en remontant la pente abrupte.
Nous mangeons sur la grève et nous ravitaillons régulièrement en eau à même le lac. Ce sont les locaux qui le font. Et c'est vrai qu'elle est bonne, et fraîche.
Au fur et à mesure que nous avançons, le sentier est de moins en moins facile à distinguer. Nous y allons parfois au pif. Au pire, nous suivons le lac, grosso modo. Au bout de 4 ou 5 heures de marche, nous nous enfonçons sérieusement dans la forêt. Comme nous sommes maintenant assez proche de la bruyante civilisation, et que l'endroit est régulièrement pratiqués par des randonneurs, le risque de rencontrer un ours est plutôt faible. En revanche, l'orage qui a menacé tout l'après midi nous tombe dessus. Nous courbons l'échine et filons à travers bois, avec pour seule motivation de se retrouver au sec, sous un toit avec un bon chocolat chaud... Évidemment, nous finissons par nous perdre. Et ne sommes plus en vue du lac. Après avoir rejoint une gigantesque antenne-relai toute rouillée, nous nous retrouvons sur un chemin carrossable et l'empruntons sur quelques kilomètres. Il nous mène à des maisons qui nous remettent sur le bon chemin.
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De retour au chalet, nous nous faisons un gueuletons de coquillettes au concentré de tomate (que nous avons finit par arracher des mains de l'épicière) et refaisons le monde avec les deux Catalans, qui m'en voudraient de dire Espagnols, logeant dans l'autre chambre de cette cabane du fond des bois.
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Lorsque nous quittons le Baïkal, c'est pour monter dans le transsibérien, pour une longue et dernière étape jusqu'à Moscou.
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mardi 4 octobre 2011

Bons baisers de Russie?

Lénine nous montre le chemin...
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Nous allons jusqu'à la gare d'Oulan Bator en « taxi mongol ». Le taxi, à Oulan Bator, c'est facile: C'est la première voiture qui vient!
Vous vous plantez sur le bord de la route, vous faite des signes aux voitures – à toutes les voitures - qui passent, et en moins de deux minutes, pour 500 tugriks (0,30€) du kilomètre, quelqu'un s'arrêtera pour vous emmener où bon vous semble (à conditions que vous ayez été assez clair dans vos mimes et bruitages en guise d'explication).

Dans le train, nous faisons la connaissance d'Irena, jeune et jolie Russe bouryate, originaire d'Oulan Oude, à la frontière mongole. Elle a les traits asiatiques, et se dit de confession bouddhiste. Elle nous explique avec naïveté les affres de l'amour lorsque l'on s'éprend d'un jeune kirghize musulman, qui entend appliquer le coran à la lettre dans leur vie quotidienne. Amour post-soviétique. Fini les mini jupes, fini le maquillage. Elle refuse encore de porter le voile. Mais elle l'aime. Ils parlent déjà de mariage. Elle va rencontrer sa future belle famille, à Bishkek, dans quelques semaines... Que lui dire?

Le passage de la frontière mongolo-russe prend une éternité. Pendant plusieurs heures, nous restons en place, portes fermées, toilettes condamnées, à regretter le litre de thé que l'on vient d'avaler. Il nous faudra en tout huit heure pour passer cette zone.

Nous descendons du train à Irkoutsk au petit matin. Le trajet n'a duré que 36h. Au fond, ce n'est pas grand chose quand on regarde ce qu'il nous reste à parcourir jusqu'à Moscou.
Nous peinons à casser nos billets de 1000 roubles afin d'avoir le change pour prendre le vieux tramway grinçant qui nous amènera au centre-vile.

Nous posons nos sacs dans une guest-house et avalons quelques cafés qui nous permettent enfin d'ouvrir les yeux... Mon Dieu! Mais cette ville ressemble étrangement à Ljubljana! Où sont les Bouryates, les Mongols, les Iakoutes? Ces peuples sibériens aux yeux bridés, ces natifs de la Russie orientale? Nous sommes pourtant encore si loin de nos pays. 7000 km à vol d'oiseau. Kaboul est moins loin, les guerriers Masaïs vivent moins loin, les eaux de l'Amazone retrouvent celle de l'Atlantique moins loin que cela! Nous voici dans une ville complètement européenne – fut-elle slave -, nous voici revenus dans un monde de Blancs! Nous n'en revenons pas. Tina a l'impression d'être chez elle, et moi aussi. L'architecture et les couleurs des immeubles, la langue, la nourriture. Tout se ressemble. C'est une évidence que nous nous étions refusés à concevoir jusque là. Nous n'étions pas préparés à vivre ce changement de monde, ce retour à la maison, si brutalement. Nous imaginions la Sibérie encore un peu asiatique. Finalement, l'Europe va bien au delà de l'Oural... elle va jusqu'au Pacifique.
Nous sommes déçus. Et puis nous sommes déçus d'être déçus, c'est encore pire.

A peine quelques minutes après notre arrivée, une fanfare défile dans la rue. Une centaine d'hommes en costumes rayé bleu et blanc font vibrer leur trompettes et tambours. L'esprit paraît bon enfant. Il faut dire qu'il n'est que 8h du matin!
Les gens nous mettent immédiatement en garde. C'est la « journée des parachutistes ». N'allez pas trainer au bord de l'Angara ou sur les quais. Dans deux heures, tous seront soûls et n'attendront qu'une seule chose, se battre, entre eux, ou avec le premier passant qui se présente. Être étranger est pour eux déjà plus qu'une provocation.

Deux heures plus tard, nous voici sur les bords du fleuve, où, effectivement, ils sont tous déjà pleins comme des outres. Les voix claquent, les regards sont vitreux, les mouvements imprécis, l'atmosphère tendue. Déjà, trois d'entre eux se jettent sur un pauvre chinois habillé en touriste chinois. Ils essayent de lui enfoncer son chapeau jusqu'au menton. Les insultes xénophobes fusent. Tous sont hilares. La femme de l'un des soldats fini par réagir. Le chinois repart hagard, en ayant bien cru que ses vacances allaient se terminer à l'hosto.
Profil bas, nous ressortons de ce quartier qu'on nous avait pourtant déconseillé.

Statue de Lénine, rue Karl Marx, deux trois maisons traditionnelles en bois... et un peu partout ces foutus groupes de militaires russes bourrés comme des Polonais qui errent en fantômes menaçants, plombant l'atmosphère. C'est avec un enthousiasme brisé que nous visitons cette ville moyenne (500.000 habitants) souvent décrite comme étant la plus belle de Sibérie.
Nous dinons dans un restaurant qui nous sert des portions microscopiques de saumon et de lasagnes pour un prix exorbitant. Décidément, cette ville ne nous plait pas.
Nous décidons de fuir à travers la taïga jusqu'au lac Baïkal dès le lendemain.

samedi 17 septembre 2011

Naadam ! Les trois sports de l'homme

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C'est à Pékin que le Naadam commence, pour nous. Dès que nous réalisons que celui-ci débutera le surlendemain de notre arrivée à Oulan Bator, nous décidons de réserver un hôtel. La chose n'est pas aisée, c'est la période la plus touristique dans le pays. Alors je ne vous parle pas de la capitale à la veille du plus gros festival national ! Tous les hôtels sont réservés. Les touristes arrivent de partout dans le monde pour assister au spectacle. Nous finissons par trouver deux lits de dortoir dans un petit appartement tenu par une française.
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Nous débarquons donc l'avant veille des festivités, avec Malte et Verena, et sommes tous d'accord pour foutre le camp avant que celles-ci ne commencent, comme nous vous l'avons raconté quelques billets plus haut. Parce que le Naadam dans la capitale, c'est plus de touristes que de locaux dans les rues, c'est des places dans les tribunes du stade à 40$, c'est l'impossibilité de se loger à moindre frais. Et cela pendant toute la semaine qui vient. Nous préférerions tous fêter ces deux journées dans une ville plus petite, où ce sera moins touristique, ou les cérémonies seront plus modestes mais plus authentiques et où le contact avec la population locale sera plus aisé.
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D'après nos renseignements, la ville de Tsetserleg, à une journée de route à l'ouest de UB (désolés, les français ne disent pas OB), célèbre le festival les même jours que la capitale. Nous organisons donc notre périple en prenant en compte que cette ville sera notre première étape, et que nous devons y être le plus vite possible.
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Le Naadam, c'est LA fête la plus populaire de Mongolie, tant auprès des mongols que des visiteurs étrangers. Les nomades viennent à cheval, parfois de très loin, pour assister aux compétitions des trois sports traditionnels, les trois sports de l'homme, comme on dit dans le pays: la course de chevaux, le tir à l'arc, et bien sûr, la lutte.
C'est Gengis Khan qui instaura cette fête, en 1206. Alors forcément...
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Une fois l'itinéraire choisi et l'équipe qui nous emmènera formée, nous prenons donc la route...
Nous bivouaquons en chemin, et arrivons en milieu d'après-midi à Tsetserleg le 11 juillet, censé être le premier jour du Naadam. Mais à notre arrivée dans cette jolie capitale d'aimag, l'atmosphère a un goût de fin de fête. Nous nous renseignons... Les festivités ont commencé la veille, et viennent juste de se terminer !
Sacre Bleu ! On a tout raté ! Tout? Non. La foule se concentre derrière le stade. Nous garons notre Uaz et allons la rejoindre, marcher entre les yourtes, cabanes et camions installés provisoirement (un pléonasme, en Mongolie, c'est vrai), où la population termine la journée. 
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Des hommes torses nus et aux ventres gigantesques cuvent leur vodka à l'ombre des yourtes. Des gamins surexcités traversent l'endroit au galop sur des chevaux aux yeux révulsés par le bruit et la foule. La population rit aux éclats, attablée devant des yourtes où l'on se restaure en buvant de l'airag et en mangeant des khorchor et des buuz, ces délicieux dumplings au mouton, frits et huileux ou cuits à la vapeur et collants. Vieux et jeunes se pressent aux stands de fléchettes ou de loteries. Malgré la taux moyen d'alcoolémie relativement élevé, l'ambiance est finalement plutôt bonne. Et on se prend au jeu. 
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Si nous sommes frustrés d'être arrivés un peu tard, nous repartons contents de ce premier bain de foule locale. De toute façon, comme le dit le proverbe mongol, on ne se lasse pas de l'arc parce qu'on est rentrés bredouille de la chasse. Ce n'est que partie remise. En effet, le Naadam est fêté tout au long de l'été. Il suffit de tomber au bon endroit au bon moment...
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Un jour, nous arrêtons le van sur la piste pour regarder une folle cavalerie d'une cinquantaine de chevaux galopant ventre à terre, au loin, montés par des gamins de 5 ou 6 ans qui leur chantent à l'oreille de quoi les stimuler sur une distance ahurissante de 25 ou 30 km. Lors de ces courses, les accidents ne sont pas rares, tous les cavaliers n'arrivent pas en selle. Mais peu importe, seul le cheval compte, dans ce pays où l'on érige des statues dans les centre-ville en hommage à tel ou tel étalon qui a marqué l'histoire équestre de la province. En effet, un cheval sans mini-jockey sur le dos mais passant la ligne d'arrivée est tout de même pris en compte ! Le cavalier n'est qu'un outil, le plus léger soit-il, pour maintenir la vitesse de sa monture.
Bogui nous raconte qu'elle aussi, petite, participait au Naadam, et qu'elle a eu son heure de gloire, gagnant, à l'âge de 5 ans, l'une de ses courses. Mais elle a arrêté à 8 ans, lorsque, suite à une chute, elle a commencé à avoir de sérieux problèmes de dos. Heureusement pour la famille, le cheval s'était bien remis de l'accident. Mais la mère de Bogui décida tout de même que s'en était fini du triple galop pour la jeune cavalière. Bogui, les yeux étincelants, en parle toujours avec beaucoup d'émotion.
- Quand on galope, on dirait qu'on vole, me répète-t-elle à plusieurs reprises lors de notre trek à cheval.
Mais elle reconnaît que les risques pris par ces gamins, qui montent les chevaux sans selle et sans étriers, sont énormes. Les décès son nombreux, et être invalide dans ce pays est sans doute la pire des récompenses.
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Parfois, nous nous arrêtons dans une yourte, et, après les salutations de base – « Bonjour, comment va la famille? Comment va le bétail? Votre herbe est-elle bonne? » - nous sommes invités à suivre un match de lutte en direct sur leur petite télévision. Télé qui est branchée sur une batterie de voiture, comme d'habitude, et dont la qualité de l'image et du son sont tellement mauvaises qu'on en attrape des maux de crâne après seulement quelques minutes. Les lutteurs, ces trop-pleins de testostérone, ces montagnes de muscles et de graisse mesurant généralement plus de deux mètres de haut, vêtus d'accoutrements à la superman (sans sa cape), et de slips à rendre fou de jalousie Aldo Maccione, torses et bedaines à l'air, tournent l'un autour de l'autre, et tentent de se faire chavirer sans se donner de coups. Le gagnant aura le droit de voir passer le perdant sous son aisselle (rien que ça, ça ne donne pas envie de perdre!), et d'enchainer avec une danse de l'aigle, tournant autour du perdant et du jury en mimant le vol de l'oiseau, en tirant une gueule d'enterrement brejnevien, avec la grasse d'un sumo marchant sur des œufs. Pour nous, c'est assez décalé. Mais il ne faut pas rire. La lutte est le plus macho des sports mongols, et si l'on esquisse ne serait-ce qu'un sourire en voyant ce spectacle, c'est l'honneur de toute la nation que l'on bafoue. L'hospitalité mongole a tout de même ses limites...
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Lorsque Ishka apprend, au Lac Blanc, que c'est son lutteur qui a gagné, rien ne peut arrêter sa joie. Il termine la soirée avec une cuite aussi mémorable que sa gueule de bois le lendemain!
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Une fois aux dunes de Khongoryn, nous apprenons qu'à Mandalgov, les 28 et 29 juillet, se tient le Naadam. A deux jours près, nous le rations définitivement, car c'est la dernière étape du voyage avant de rentrer sur Oulan Bator. Une âpre discussion s'ensuit, je vous le racontais, et nous décidons d'y assister.
Après avoir commencé par la clôture de la fête, au début du voyage, et avoir vu certaines épreuves par la fenêtre du van ou à la télé au fil des jours, aurons nous, avant de quitter le pays, la possibilité d'arriver assez tôt pour voir les épiques cérémonies d'ouverture ?
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Ce matin là, nous nous levons à l'aube. Nous ne sommes pas très loin et voyons la petite capitale grossir au fur et à mesure que nous nous approchons. Des yourtes ont été montées pour l'événement. Nous doublons quelques gamins s'entrainant sur leurs chevaux. Nous allons jusqu'au « centre-ville » où la foule très matinale se presse autour d'une haute statue recouverte d'un voile. Bogui nous explique que ce matin, un nouveau monument sera inauguré. La télévision est présente, des moines dans leur robes rouges sont par centaines assis autour. La foule est vêtue des apparats des grandes occasions, aux couleurs aussi flashy que multiples: manteaux jaunes, chapeaux aux formes ahurissantes, capes bleues, bottes roses, combinaisons violettes...
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Tout le monde se pousse pour essayer de voir quelque chose. Un officiel du gouvernement arrive en grande pompe dans un gigantesque Hummer noir au vitres teintées, escorté par une demi douzaine de 4x4, sirènes hurlantes au milieu d'une foule qui ne parvient pas à ouvrir un passage au convoi. Les policiers en uniformes gesticulent, menacent de leur matraques. Une voie est ouverte. Le personnage en question peut sortir de sa voiture et prononcer, devant caméras et photographes venus en nombre, un discours qui paraît impressionner beaucoup moins la foule que la voiture de laquelle il est sorti. Il repart aussitôt. Reconvoi bloqué. Re flics et matraques.
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C'est l'heure de voir ce que cache ce voile. La statue est découverte dans un grand « Oooohhh ».
C'est un cheval. On l'aurait deviné. Leur passion pour cet animal n'a pas plus de bornes que n'en compte ce pays sans route, propriété privée ou clôture. Bogui nous explique que c'est la sculpture du gagnant des trois ou quatre Naadams précédents, et qui est tombé raide mort à l'arrivée de sa dernière course, l'année passée. Le pauvre a fini dans la gloire, ça lui fait une belle jambe. Son riche propriétaire, dans toute son humilité, a offert ce monument à la ville. Tout le monde s'extasie devant la figure de bronze figée en plein galop, crinière au vent, muscles tendus. Les anciens se remémorent les exploits de l'animal. Quel est leur pronostic pour cette année? Les paris vont bon train.
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Une fois cette inauguration terminée, nous montons vers le stade improvisé sur un bout de steppe où commence tout juste la cérémonie d'ouverture. Chaque Sum (petit village) de l'aimag (province) a envoyé une sorte de délégation, pour la représenter. Des centaines d'enfants, d'hommes et de femmes, accoutrés comme des personnages sortis de Star Trek, attendent de défiler sur la pelouse du stade. Nous nous faufilons au milieu et sommes pris par l'excitation contagieuse que peu de participants parviennent à contenir. Mais attention, aucun second degré dans ces costumes. Le Naadam, c'est pas Mardi Gras. C'est très sérieux. Chacun vit sa présence sur cette pelouse comme un hommage. 
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Et puis les portes s'ouvrent. Pris dans le mouvement, nous sommes propulsés sur la pelouse du stade. Nous voici aux premières loges! Un à un, les groupes défilent, exhibant des costumes tantôt moyenageux, tantot kitch, tantôt... hmmm, hot.
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Les spectacles s'enchainent. Un orchestre se donne à fond. Des chanteurs s'époumonent dans des micros dont les grésillements et le larsen sont à peine supportables. Des danseuses légèrement vêtues se déhanchent autant que la bienséance locale l'autorise. Des acrobates sautent, rebondissent, flips et saltos... L'émotion prend le dessus. Tina et moi lâchons quelques larmes de joie que nous parvenons mal à cacher. Mais qu'importe.
Nous sommes si heureux de vivre cela à la fin de ce voyage au pays des nomades. C'est la meilleure conclusion que nous pouvions espérer. Ce peuple de cavaliers sauvages, ces cowboys des steppes, nous émerveille, ce pays est extra-ordinaire au sens premier du mot. Tout ici est tellement loin de nos habitudes, de nos façons de faire, de nos modes. C'est absolument fascinant. Colette disait que le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes... (Ce qu'on peut entendre comme conneries !) Elle n'est sans doute jamais passée par la Mongolie.
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Au terme de la cérémonie, nous comprenons qu'en même temps, sont arrivés les premiers enfants sur leurs chevaux. Nous avons raté cela, mais la cérémonie valait vraiment le coup. Nous cherchons l'endroit où se déroulent les combats de lutte et ne trouvons pas. Certains nous disent qu'ils ont déjà eu lieu, également pendant la cérémonie d'ouverture ! C'est l'organisation à la Mongole ! Nous parvenons tout de même à voir un peu les archers envoyer leurs flèches à 65 mètres avec une précision déroutante.
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Nous déjeunons, comme à Tsetserleg, dans les yourtes qui proposent du mouton et de l'airag.
Et puis des nuages se lèvent et s'amassent dans le ciel. Le gris devient de plus en plus inquiétant. Nous passons au milieux des stands qui proposent des jeux de kermesse ou d'acheter toutes sortes de babioles, et savourons le moment... Mais la pluie s'abat violemment tout à coup sur la ville. Les gens courent en tous sens, s'abritent où ils le peuvent, sous un stand, sous un parasol, derrière un camion.
La fête paraît se terminer ainsi, en eau de boudin. Le reste des festivités est annulé pour le reste de la journée.
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Nous remontons dans le camion et conduisons hors de la ville. Nous passons notre dernière nuit en yourte avec une gentille petite famille d'éleveurs de chèvres vivant dans une très belle région. Nous nous délectons de cette dernière nuit en yourte, de ces derniers moments au contact des nomades. 
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Réveil brumeux. Nous avons une grosse journée de route pour arriver à Oulan Bator. 
Plus qu'aucun jour auparavant, la terre est dure et le ciel est lointain.
Ishka nous chante ses dernières chansons. Bogui nous conte ses dernières histoires. La piste déroulent ses derniers kilomètres et les collines dévoilent leurs derniers troupeaux de chevaux.
La Mongolie est derrière nous. Elle nous manque déjà. Il faudra y revenir. Vite.
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T&B