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Le minibus quitte la
place du marché d'Irkoutsk et très vite, file sur l'étroit bandeau
d'asphalte qui a été tiré en une parfaite ligne droite entre la
capitale régionale et les rives Sud du lac Baïkal, à travers une
épaisse taïga, typique de cette région de Sibérie orientale.
C'est donc dans la petite cité lacustre de Listvyanka que nous nous posons trois jours, histoire de souffler un peu, et de récupérer de la fatigue accumulée depuis que nous avons quitté Pékin, en dormant de longues nuits dans le silence sibérien, et en nous délectant des spécialités locales: l'omoul (le poisson du lac) fumé, le pain local à la couleur brune, et le kéfir, cette boisson lactée au goût fort et acide.
C'est donc dans la petite cité lacustre de Listvyanka que nous nous posons trois jours, histoire de souffler un peu, et de récupérer de la fatigue accumulée depuis que nous avons quitté Pékin, en dormant de longues nuits dans le silence sibérien, et en nous délectant des spécialités locales: l'omoul (le poisson du lac) fumé, le pain local à la couleur brune, et le kéfir, cette boisson lactée au goût fort et acide.
Au bout d'un chemin de
terre, à l'écart du reste du village, nous nous installons dans un
petit chalet entièrement en bois (il faut dire que les arbres ne
manquent pas par ici). L'excentrique propriétaire nous explique où
vont les 2 chemins qui passent à proximité du chalet.
- Par là, vous rejoignez
le lac, par ici, vous passez une montagne et vous trouverez une jolie
église et un petit hameau où l'on peut faire du chien de traineau
en hiver, et puis si vous continuez par là-bas, au bout de quelques
heures, vous devriez tomber nez-à-nez avec un ours.
Nous voici avertis.
Nous farnientons la
première journée sur les rives de cette magnifique masse bleue, à la beauté saisissante.
Long de plus de 600 km par environ 50, le lac fait une fois et demie
la superficie de la Slovénie (vous rendez-vous compte?). Son eau est
réputée pour sa pureté, et en hiver, le lac étant entièrement
gelé sur 50 à 70 cm, les bateaux sont remplacés par des Jeeps, des
Uaz et des camions militaires, qui utilisent alors le lac comme une
immense autoroute.
Avec ses 1600 m de
profondeur, ce lac contiendrait suffisamment d'eau douce pour
abreuver l'humanité entière sur une période de 40 ans... Mais
alors, me direz-vous, pourquoi les Russes boivent-ils autant de
vodka?
Nous rencontrons les
charmantes commerçantes du village. Du jamais vu. Entrez dans un
magasin, et vous aurez immédiatement le réflexe de vous excuser
d'avoir eu l'audace d'importuner la dame qui était assise au bord de
la fenêtre, à attendre désespérément que la journée se termine. Déjà,
pour lui faire quitter sa chaise, il faut insister sur le
« Zdrastvouytye », salutation locale. Sans vous rendre le
bonjour, elle vous regarde inexpressive, glaciale et hermétique.
Lorsqu'en plus, elle s'aperçoit que vous ne parlez pas russe, alors
là, c'est mort, c'est la fin des haricots. Elle soupire, râle,
s'efforce de vous montrer à quel point il lui est pénible d'essayer
de vous comprendre. Vous montrez du doigt ce que vous voulez, elle
s'évertue à ne pas comprendre. Elle prend un malin plaisir à vous
poser, en russe, des questions inutiles auxquelles vous êtes
incapable de répondre, vous remettant habilement l'échec de la
transaction sur le dos. Se nourrir dans ce patelin est une véritable
épreuve, un tour de force. Il faudra vous estimer heureux si vous
parvenez à ressortir avec un ou deux filets de poisson, un bout de pain
ou quelques grammes de vache-qui-rit locale. Il n'y a pas idée de
déranger les gens ainsi... Étrange pays.
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Un matin, nous prenons un
bateau qui longe la rive Ouest sur une vingtaine de kilomètres vers
le Nord, et nous pose à Boltchykoti, tout petit village de
maisonnettes de poupées en bois sombre et aux volets colorés. Le
hameau n'est accessible que par le lac ou à pied. L'endroit est
absolument charmant. Le temps est superbe. Le vieux side-car vert que
l'on a remarqué en descendant du bateau semble être le seul engin
motorisé du coin.
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Le lac imprègne
l'endroit d'une formidable sérénité. Çà et là, dans les
jardins, au bord des chemins ou sur les galets du rivage, des fûts
en métal recyclés en fumoirs à omoul enveloppent le village
endormi d'un appétissant fumet de poisson. Assises devant leurs
maisons, on se demande quels ragots peuvent se raconter les mamies.
Les quelques gamins du bled s'amusent dans les épaves de camions de
l'armée russe, rouillant au fond d'un jardin. Des vaches sans
pâturage fixe, squateuses de maisons abandonnées, nous regardent passer de leur yeux inexpressifs, la tête par la fenêtre de leur todis. Et puis éberlués, depuis
des pontons bricolés sur la rive, nous regardons les femmes du
village plongeant sans hésitation dans cette eau qui ne doit pas
dépasser les 12 degrés.
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Nous savourons longuement
l'ambiance paisible de ce hameau, puis longeons le lac vers le Sud,
en direction de Listvyanka.
L'étroit chemin,
absolument pas balisé, mais assez visible au début, devient de plus
en plus compliqué à pratiquer, nous emmenant souvent au bord de la
falaise, 30 mètres à pic au dessus de l'eau, nous faisant
risquer de sérieuses chutes. Nous empruntons donc d'autres chemins
qui partent davantage à travers les arbres, en remontant la pente
abrupte.
Nous mangeons sur la
grève et nous ravitaillons régulièrement en eau à même le lac.
Ce sont les locaux qui le font. Et c'est vrai qu'elle est bonne, et
fraîche.
Au fur et à mesure que
nous avançons, le sentier est de moins en moins facile à
distinguer. Nous y allons parfois au pif. Au pire, nous suivons le
lac, grosso modo. Au bout de 4 ou 5 heures de marche, nous nous
enfonçons sérieusement dans la forêt. Comme nous sommes maintenant
assez proche de la bruyante civilisation, et que l'endroit est
régulièrement pratiqués par des randonneurs, le risque de
rencontrer un ours est plutôt faible. En revanche, l'orage qui a
menacé tout l'après midi nous tombe dessus. Nous courbons l'échine
et filons à travers bois, avec pour seule motivation de se retrouver
au sec, sous un toit avec un bon chocolat chaud... Évidemment, nous
finissons par nous perdre. Et ne sommes plus en vue du lac. Après
avoir rejoint une gigantesque antenne-relai toute rouillée, nous
nous retrouvons sur un chemin carrossable et l'empruntons sur
quelques kilomètres. Il nous mène à des maisons qui nous remettent
sur le bon chemin.
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De retour au chalet, nous
nous faisons un gueuletons de coquillettes au concentré de tomate
(que nous avons finit par arracher des mains de l'épicière) et
refaisons le monde avec les deux Catalans, qui m'en voudraient de
dire Espagnols, logeant dans l'autre chambre de cette cabane du fond
des bois.
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Lorsque nous quittons le
Baïkal, c'est pour monter dans le transsibérien, pour une longue et
dernière étape jusqu'à Moscou.
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Ben c'est pas joyeux-joyeux, cette fois. Heureusement que la nature est là pour vous consoler des humains, dites-moi !
RépondreSupprimerJ'espère que ce commentaire passera, sinon, ça sera comme d'hab, par mail ....
Gros bisous à vous !
La Tata4
Et c'est passé! Yesss!
RépondreSupprimer;)
C'est vrai qu'on sent comme un vague parfum de ...poisson fumé... heu, pardon, de coup de blues... Mais n'était-ce pas "obligé", après la magie mongole ?
RépondreSupprimerBisous d'Aveyron...
A&co