jeudi 12 janvier 2012

I feel Slovenia (Acte V)


 Changement de décor.
Cela fait quatre mois que nous sommes revenus à Ljubljana (voir carte Slovénie). Quatre mois pour nous remettre dans le bain européen, et notamment ljubljanais. Retrouvailles avec les amis et la famille, les nuances de verts et les odeurs de résineux, le chou acide et le cappuccino.

 Lac de Bled


 Piran


 Mais quand même un peu difficile au début, ce retour. Il faut dire, qu'y a-t-il de plus déstabilisant psychologiquement que de vouloir se (re)stabiliser géographiquement ? Ce dont on parlait au conditionnel, on se met à en parler au futur. Et inversement, fatalement... Alors l'esprit se rebiffe, il veut continuer sur sa lancée. On n'arrête pas une vague au milieu de sa course.
Vous savez, pour certains, il y a le petit ange d'un côté et le petit démon de l'autre, qui vous parlent à tour de rôle. C'est jamais si simple! Pour moi, c'est le sédentaire bien habillé, la classe, d'un côté, et de l'autre, le nomade, avec sa peau de mouton sur le dos, son bâton de marche et sa banane jusqu'aux oreilles. Le sédentaire, en bon rabat-joie, doit réapprivoiser ce naïf de nomade. L'épargnant consciencieux et satisfait contre le vagabond insouciant et bienheureux. Le confort contre la liberté. La routine plutôt que la nouveauté. La clé de l'appartement contre celle des champs...


 Pour faciliter encore un peu ce retour en pleine période de crise (on ne vous l'avait pas dit? Ah si si, c'est la crise), les écoles rechignent à « embaucher », pour la simple raison que les gens rechignent eux-même à dépenser dans des cours de langues. Et ce, même si les profs que nous sommes sont payés à la vacation, donc à l'heure. Point de contrat annuel, encore moins de paye fixe et de congés payés (et je ne vous parle même pas des cotisations de Sécu, chômage et retraite!). Cette situation était très convenable lorsque je suis arrivé en Slovénie, en 2004 (Acte II). A l'époque, nous, les profs « natifs », étions les rois du pétrole. Aujourd'hui, on parlerait plutôt de pétole... Il va donc falloir ramer un peu.

 Château de Predjama


 Comme d'habitude, beaucoup de CV envoyés, beaucoup de marche à pied, de porte à porte, de rencontres, de dialogue avec des directeurs et directrices de centres de langues, de « cours test », de « démos »... pour pas grand chose au fond. Et des réponses super encourageantes du genre « Mais pourquoi diantre êtes vous rentrés de Hong Kong ???? On vous a pas dit? C'est la krrriiiiizzzz!!! » Parfois avec des arguments en béton à l'appui « Mais vous ne savez pas que presque la moitié des centres de langue de Ljubljana ont fermé depuis l'année dernière? ». Ou alors « l'espagnol, depuis quelques années, on en a une demande énorme, mais le français, c'est fini, pas un coup de fil, c'est une langue trop compliquée! »


 Ptuj


 Et puis finalement, nous sommes retournés là où on nous connaissait. Ça marche souvent comme ça en Slovénie.

 Krk


 Donc Tina et moi, toujours collègues dans les mêmes endroits.
Sauf qu'après plusieurs semaines de discussion et de tests, Tina a été embauchée comme traductrice 5 langues (slovène, anglais, français espagnol, portugais) dans une petite agence du quartier de Šiška. Elle a commencé à travailler la semaine dernière. Par conséquent, nous ne somme plus collègues, mais c'est vraiment une bonne nouvelle, parce que cette fois, c'est avec un contrat annuel. Renouvelable. Avec un CDI. Ouais, la vraie sédentarité qui nous tend les bras!

 Vue sur les Alpes depuis Čušperk


 En ce qui me concerne, je m'en sors avec les cours, il faut juste s'organiser pour les périodes creuses, c'est à dire sans cours, comme le mois de février et en particulier les trois mois d'été. D'autant que cette fois, vu que Tina bossera, il faudra bien garder l'appartement de juin à octobre...

 Ljubljana


 Côté logement, donc, nous nous sommes trouvés un appartement très sympa dans la favela de la capitale, peuplée de Bosniaques et de Serbes ayant construit eux-même leurs maisons au noir et sans permis de construire, au fil des décennies depuis une trentaine d'années. C'est amusant parce que c'était justement le dernier quartier où nous avions habité et que j'avais laissé en quittant la Slovénie en 2008 (Acte IV). Même boulot, même quartier, nous retombons dans nos chaussons, en quelques sortes.

 Piran


 Bref, nous sommes bien contents d'être ici, à la plus grande stupeur de beaucoup de Ljubljanais qui nous regardent toujours avec de grands yeux ronds lorsqu'on le leur annonce. « Mais ils sont fous ces Gaulois! » Car pour eux, notre quartier est  un bidonville malfamé, un ghetto dans lequel ils n'osent pas toujours - ou toujours pas - s'aventurer... Et ils ont bien tort, parce qu'il ne s'y passe rien de spécial, tout au plus des gamins qui font péter des pétards dans les poubelles et qui, au passage, y foutent le feu, des types qui font les kékés sur leurs mobylettes à faire toute la rue en roue arrière (sans casque, cela va sans dire), et les grands frères modèles - peut-être un poil mafieux - qui se la pètent dans d'énormes 4x4 noirs, construction allemande et vitres teintées obliges. Comme beaucoup de ces gens ne payent pas d'impôts, on notera également une absence totale d'éclairage public – gênant surtout de nuit! - et de caniveaux – gênant surtout quand il pleut.




 Ljubljana


 En résumé, c'est surtout le quartier illégal de la population « Yougo » du coin, des gens qu'on dit « du Sud » (vous savez, avec des nom en « itch »). Du coup, l'atmosphère est plus Kusturica qu'au centre-ville. Si j'osais, je dirais plus exotique. C'est vrai que vous ne vous rendez peut-être pas compte, mais comparer un Slovène et un Serbe, c'est comme de confronter un Genevois et un Napolitain. C'est quand même deux monde un peu différents.
Quoi qu'il en soit, nous avons tout le premier étage d'une maison pour nous, avec une terrasse plein Sud. C'est vrai que c'est un peu bricolé, que la chambre a un sol qui penche, que c'est du lino par terre... mais au fond, la couleur gris-béton, on s'y fait bien.




 Manif'


 Voilà. Nous allons donc essayer de continuer à vous faire voir du pays au travers de nos récits d'excursions weekendesques et de nos photos.
En espérant que vous continuerez à nous suivre...


Piran

Allez, hein! A la revoyure.

T&B

6 commentaires:

  1. Que de nostalgie dans ce billet !
    Gros bisous à vous et encore bonne année
    MM's

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  2. Hello!
    Euh, oui, au retour, par moments, repartir me semblait plus facile que de rester. Continuer à fuir? Se résigner? Le prix de ce genre de voyage se paye au retour...
    T'inquiète, ça va mieux... ;)
    Bise

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  3. CDI, appartement, tout semble indiquer une sédentarité à long terme! Tu sais, c'est pas si dur que ça de se poser! :o) A en juger par les photos, le terrain a l'air fertile pour de belles images. Je continue à apprécier.
    Jerome

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  4. La quatrième photo a été prise lors d'un tournage? Elle fait très années 50.
    Sa composition est absolument géniale!
    Jerome

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  5. Oui, le pays est petit mais a un potentiel photogénique inversement proportionnel! Tu viens nous voir quand tu veux!
    Yes, un tournage. Bien vu, cousin! La photo date d'il y a quelques temps, c'était avec mon petit Powershot avec écran de 1 pouce! (déjà chez Canon) Ah... nostalgie. Pour d'autres, c'est l'Instamatic, chacun son époque!
    Côté compo, de mon côté, j'aurais préféré éviter de tronçonner le type de droite, mais bon, j'aime bien l'image quand même.
    ;)

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  6. Contente de voir que vous allez bien tous les deux, je ne connais pas Tina mais vous avez l'air heureux!! Pour ma part je découvre ce blog et compte bien vous suivre maintenant... Peut-être à bientôt. Aurore. Chartres (France): rien de bien exotique nous concernant!!!! :)

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