lundi 19 avril 2010

Quand le voyage se suffit à lui-même

Salut tout le monde!
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Pendant notre virée en Chine nous avons appris que prendre le train dans ce pays immense est une vraie aventure.

Rien qu'acheter les billets s'avère assez compliqué…

Nous arrivons à la gare de Canton un jour, tôt dans l'après-midi. Nous nous dirigeons tout de suite vers les guichets où les employés semblent vendre des billets de train. Nous montrons à la femme derrière la vitre le nom de l'endroit où nous voulons aller (Zhaoqing) en caractères chinois (Lonely planet a bien fait son travail). La réponse qui suit est: »not here, outside, left«. Ok. Nous sortons et sommes franchement etonnés par la vaste place sur laquelle nous nous retrouvons et par le nombre de gens qui y attendent, assis ou debouts, pour pouvoir entrer dans le hall de la gare. Nous regardons à notre gauche et, effectivement, il y a une longue queue. Mais les gens ont déjà leurs billets!!En fait, il faut les avoir pour pouvoir entrer dans la gare… et puis c'est plus simple de faire comme ça, plutôt que de contrôler tout ce monde dans le train. Nous demandons à un employé où nous pouvons acheter nos billets et il nous renvoie aux guichets desquels nous venons. Super…
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la gare à Canton
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Nous retournons à un autre guichet mais la réponse reste la même: »No, outside, left«… Un homme ne parlant pas un mot d'anglais nous remarque et nous approche. Nous lui montrons Zhaoqing en chinois et il nous fait signe de le suivre. Il nous emmène à travers la foule complètement de l'autre côté de l'énorme place et, au loin, nous apercevons l'enseigne »tickets«… ouf, nous avons trouvé. Merci, monsieur!!

Quelques minutes plus tard, nous sommes devant le bon guichet. Nous montrons Zhaoqing en chinois à l'homme derrière la vitre. »Le premier train avec des places libres est dans trois heures«, dit-il. Comme nous sommes naifs!! Nous pensions pouvoir aller à la gare, acheter un billet et monter dans le premier train, 30 minutes après. Nous avons bien évidemment oublié qu'en Chine il y a 1,350 millard d'habitants, que tout est toujours plein de partout et qu'il vaut mieux réserver à l'avance pour éviter la galère. Mais bon, voyager, c'est aussi ça.
Ok. L'homme continue:
-»Mais ce sont des 'standing tickets'…«
-»Pardon, pour rester debout?«
-»Oui, mais ne vous inquiétez pas, le trajet ne dure que deux heures!! C'est facile!!... Ou sinon, vous pouvez réserver une place dans le train de 7h du soir, il y a des places assises disponibles…«
-»Bon baaaah on va rester debout, alors!«

Nous payons (1,70€!!) et faisons la queue pour entrer dans la gare. Une fois dedans, nous essayons de nour repérer. Nous trouvons le panneau d'informations sur les trains. Les deux seuls mots ecrits en anglais sont »train information«. Les infos y figurant, en caractères chinois ne nous aident pas beaucoup… Bon. Nous arrêtons une employée et lui montrons nos billets.
-»Waiting room si que seu«, dit-elle en nous montrant du doigt l'endroit où nous devons aller, au premier étage.
-»Sorry?«
-»Waiting room si que seu«
-»Si que seu?«
-»Yes, si que seu… si que seu!«
-»Ah six! Ok, thanks!«

Nous faisons un tour dans la salle d'attente numéro six en ne comprenant pas tout-à-fait comment ça marche. Quelques instants plus tard, une employée imposante rammène son mégaphone vers sa bouche et commence à aboyer en chinois avec une voix qui perce les oreilles. Toute une partie des gens se lève et se précipite vers la porte. Là, nous comprenons: on attend dans la salle d'attente jusqu'à ce que la femme vienne crier dans son mégaphone, annonçant le départ des trains. Ne parlant pas chinois, nous avons donc un problème… comment savoir que c'est notre train qui part? En plus, tout se fait dans la précipitation.

Nous resortons et tombons sur un employé nous faisant signe. Il regarde nos billets et sort une cascade de phrases, visiblement ne comprenant pas que nous ne parlons pas sa langue… Il nous invite à le suivre et compose un numéro de téléphone dans son portable. A notre grande surprise il le tend à Sébastien. De l'autre côté de l'appareil une femme lui explique comment ça marche, en anglais!! Sympa, non? L'employé nous emmène dans une salle d'attente reservée aux femmes avec enfants et explique à la femme avec le mégaphone notre cas. On nous dit de nous asseoir, et qu'on nous appelera pour notre train. Les gens autour nous fixent avec un air curieux, plusieurs d'entre eux nous demandent de voir nos billets. Une femme s'approche:
- »Je parle un peu anglais, donc si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas, venez me voir. je peux vous aider. Je suis assise juste là.«
Vraiment sympa de sa part!

Au bout de plus de deux heures d'attente avec des vieux qui fument leurs clopes et crachent leurs poumons à leurs – et nos – pieds, des bébés qui pleurent, des enfants qui courent dans les allées et jouent avec leurs tricycles dans un vacarme ambiant digne d'un poulailler, on nous appelle pour nous dire de suivre une femme et sa fille qui prennent le même train que nous. Nous nous retrouvons devant une barrière avec contrôleurs, donnant sur le quai. Il faut encore attendre. Nous avons de la chance, nous sommes parmi les premiers arrivés. Quelques minutes plus tard, il y a noir de monde derrière nous pour prendre le même train. La foule impatiente nous pousse en avant. Les contrôleurs ouvrent la barrieère et vérifient à nouveau les billets des passagers… et là c'est la débandade! A notre grande surprise, une fois sur le quai, les gens se mettent à courrir en tous sens!!

- »Tina, si tout le monde court, c'est qu'il faut courrir!!«, me dit Sébastien.
Et nous nous y mettons également… Nous ne pouvons pas nous empêcher de rire. Nous arrivons parmi les premiers devant notre wagon gardé, comme tous les autres, par un employé en uniforme à la mode chinoise. Il hurle un flot continu dans son mégaphone. Tout est en chinois, mais la fermeté de sa voix nous laisse comprendre que c'est pour »discipliner« la foule. Il faut d'abord laisser les passagers sortir du train, ce qui ne serait certainement pas possible sans un employé devant chaque wagon. Maintenant c'est à notre tour de monter.

Pas facile, tout le monde se bouscule. Une fois dans le wagon, nous appercevons 2 ou 3 sièges libres. Voyant les passagers s'asseoir, nous comprenons que nous pouvons faire pareil. Nous nous asseyons rapidement. 2 minutes plus tard il n'y a plus du tout de place, les gens restent debout ou s'assoient à 4 sur des banquettes pour 3. La foule est impressionnante. Si on a envie d'aller aux toilettes au milieu du trajet, pas moyen, impossible de se faufiler à travers la masse humaine, il faut tenir. Les gens, debout ou assis, s'entassent comme des sardines. Ils mangent, tchatchent avec leurs voisins, écoutent de la musique… Un employé décide dans cette foule de passer le balai!!! … Et il y arrive!! On se croit dans un film!
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les gens dans le train s'installent comme ils peuvent
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En face de nous, une jeune fille originaire de l'éthnie hakka entame la conversation avec nous. Elle est étudiante en psychologie et s'appelle Justice. Elle nous aidera, une fois à Zhaoqing, à acheter nos billets de retour (on apprend vite qu'il faut s'y prendre à l'avance!) et à prendre le bon bus pour le centre ville…A la fin, elle nous donnera son numéro de portable pour que nous puissions l'appeler en cas de problèmes. Encore une rencontre vraiment sympa.
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Justice avec son copain et Sébastien à la gare de Zhaoqing
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Le retour à Canton est du même ordre. Cette fois, nous attendons sur le quai, donc les charmantes employées aux képis bleu marine sont particulièrement acharnées sur leur mégaphones pour discipliner la foule et lui faire faire la queue derrière la ligne en attendant l'arrivée du train. Sébastien en fera les frais en s'aventurant au delà de la ligne pour immortaliser l'instant sur l'image ci-dessous…
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Vous le voyez le doigt pointé sur Sébastien?
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Cette fois-ci nous avons donc réussi à réserver nos sièges (il faut dire nous avons payé beaucoup plus cher: 1€ de plus par billet!! On s'embougeoise!)… du coup nous sommes obligés de demander aux gens de nous laisser nos places… Ca se fait sans problèmes et sans mauvaise volonté. Le train est encore plus bondé qu'a l'aller, un employé passe le balai, pareil. Les gens mangent leurs soupes aux nouilles et des biscuits, discutent, rigolent.
A ma gauche, une mamie un peu »forte«, très sympathique et non moins bavarde, s'étale sur moi car elle ne veut pas poser son sac par terre, préférant le mettre sur le siège à côté d'elle… Elle parle avec les jeunes en face et avec nous. Elle nous pose des questions… mais nous ne pouvons ni comprendre, ni répondre… c'est frustrant! Nous regardons d'un air suppliant les garçons en face, mais cette fois-ci, ils ne parlent pas anglais. On ne saura jamais ce qu'elle nous disait.
Un des jeunes en face met de la musique… de son portable retentit la voix de Michael Jackson et d'Eric Clapton!! Le fait-t-il parce que nous sommes là, les seuls blancs dans le wagon, voire dans le train? Le mélange est trop bizarre! Entendre les chansons aussi connues dans le brouhaha d'un monde aussi étrange et différent du notre!! Mes poils se hérissent, j'ai envie de figer le moment dans ma mémoire. Je me dis »j'adore voyager!!!«... surtout quand l'expérience dans le pays s'oppose aussi drastiquement aux idées reçues.
Contrairement à tout ce que nous avons entendu sur les Chinois en Europe, nous les avons finalement trouvé très sympas, souriants, aidants, honnêtes, faciles à approcher… Pourquoi alors de tels stéréotypes? Ils ne sont apparemment pas justifiés.

A très bientôt!

T&B





6 commentaires:

  1. Merci Tina !
    Dur dur de voyager en Chine, mais quand on est passionné .....
    Bisous
    Mélanie

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  2. Pôh pôh pôh, vous y mettez de la mauvaise volonté. Zavéka faire un petit effort et parler chinois, quand même! C'est pas si compliqué de se mettre à la portée des gens, mais vous n'essayez même pas!!! Pfff, aucun esprit de curiosité, vraiment... Je me demande même pourquoi vous êtes partis là-bas si vous n'êtes pas plus curieux de la culture chinoise.
    Y a pas de justice ;-)
    Bisous

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  3. Vous nous faites rêver avec vos tribulations... Ca me rappelle une certaine nuit que j'ai passée dans un train en Inde, accroupi dans 1,5 mètre cube.

    Bon, allez, nous on va ramasser des asperges dans le Karst...

    M.

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  4. Quelle gentillesse !Tina, tu as parfaitement rendu le contraste entre les bousculades de foule pour éviter de perdre du temps et les arrêts dans le continuum espace-temps pour une personne unique qui prend le temps de vous faire traverser une immense place,pour trouver sur son portable quelqu'un qui parle anglais, s'arrête dans sa course pour vous expliquer patiemment quelque chose. Même contraste entre les gens qui aboient dans les hauts-parleurs et ceux qui viennent à vous pour vous proposer leurs services okazou. Merci de vos témoignages plein d'humanité. Je vous embrasse fort (mail cette nuit, au fait)C'est quoi, lovely Planet ? Une banque de données pour trad ???? Les références, siouplè ! Merci !!!

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  5. Coucou!

    Merci a tous pour vos commentaires super sympas!

    @ Melanie, "dur dur de voyager en Chine": Mais non, pas du tout, ce sont justement ces petites choses qui font l'interet du voyage... d'ailleurs, pendant tout le trajet en train, on etait comme des dingues devant le spectacle! :)

    @ Pacale, "Zavéka faire un petit effort et parler chinois": pour repondre a ta provocation ;), on s'etait mis au mandarin avant de partir, puis on a commencé a bosser, plus trop le temps et surtout, ici 90% des gens parlent cantonais. Alors, le cantonais, c'est une langue a 9 tons, ce qui veut dire qu'un simple mot comme "bonjour" peut avoir jusqu'a 9 significations selon la prononciation. En plus ici, l'anglais suffit dans 95% des cas... du coup, comme on sait qu'on ne restera pas, on a laisse tomber... shame on us...

    @ M, il y a des asperges dans le Karst??

    @ tata4, "C'est quoi, lovely Planet ?": C'est LoNely Planet :), l'equivalent anglophone du Guide du Routard (Bastoche est anti Guide de Routard)! C'est surtout un tres bon guide.

    Gros bisous a tous,

    T&B

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  6. Bon d'accord, ça va pour cette fois. On passe sur le fait que vous ne vouliez pas vraiment apprendre le chinois. D'autant que les 5% de natifs qui ne font pas non plus l'effort de parler anglais vous font vivre des aventures étonnantes.
    Bises,
    Pascale

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