C'est ce qui nous reste? Cinq jours et six nuits? Autrement dit, on part demain, quoi.
Que ça aura passé vite, ces 18 mois à Hong Kong. Encore une fois, le temps à filé, et nous voici à dire au revoir aux gens et aux lieux...
Pourtant, on la connait cette sensation de fin de séjour.
A Bologne, j'ai chialé tous les jours pendant les deux semaines qui ont précédé mon départ en train. Mes potes et colocataires qui courraient sur le quai pour me dire au revoir terminèrent de m'achever.
A Grenade, c'est le son du Flamenco qui, chaque fois qu'on l'entendait, nous écrasait le poitrail d'angoisse, comme un étau.
Ici, les gamins nous remercient avec des cartes d'adieux, des boîtes de chocolats... Jusqu'ici, j'arrivais à me tenir, mais cette semaine, avec les au-revoirs qui vont s'enchaîner, je risque d'avoir du mal à contenir mes larmes. Et je ne parle pas de la « Farewell Party » que nos copains et collègues sont en train de nous organiser pour samedi soir, notre dernier jour de boulot...
Chaque jour on se dit, c'est peut-être la dernière fois que je passe par là. Ainsi, hier, c'était peut-être notre dernière escapade. Nous l'avons faite sur l'île de Cheung Chau, dont nous avons fait le tour à pied avec Fleur et Pierre, deux des dernières recrues de notre Learning Garden. On a eu de la chance, le temps a été superbe, on n'avait pas vu un tel ciel bleu depuis le début de l'hiver, je crois. Et puis en rentrant, Tina est allée à son dernier cours de Yoga. Quant à moi, j'ai longé le Victoria Harbour et ses milliers de lumières, le vague à l'âme...
Alors on commence à faire des listes « qu'est-ce qui te manquera le plus, à toi? », et puis on tombe d'accord sur l'essentiel: Les gamins, si doux et attachants, les gens, si calmes et agréables, les virées du week-end, et puis, soyons pas faux-culs, la paye aussi ! « Et qu'est-ce que l'on ne regrettera pas? » Oh, les crachats, raclements de gorges et bruits corporels en tous genres, la pollution, ou encore la clim à 15 degrés dès le mois d'avril... Mais au fond, on se rend vite compte que tout va nous manquer: selon l'endroit, c'est les mecs qui reluquent le cul des filles, le cri de la gitane qui appelle son gamin, ou la foule compacte des dimanches. Parce que c'est ça la différence avec le tourisme ordinaire. On s'imprègne de toutes ces petites choses quotidiennes qui finissent par façonner l'image que l'on a du pays plus que la hauteur des immeubles, la couleur de la mer ou la beauté des monuments historiques.
Mais c'est vrai qu'on sent que c'est le moment de terminer ce chapitre sur Hong Kong. Quelque chose de nouveau et d'inconnu nous attend. Heureusement qu'il y a ce voyage qui, par l'excitation due à l'envie de découvrir de nouveaux horizons, comme le dit la formule, nous permet de combler le vide que le cafard du départ creuse sous nos pieds.
J'en parlais tout à l'heure, c'est étonnant ce débordement d'émotions formé par le mélange de ces trois humeurs distinctes que sont le stress du million de choses à faire que l'on note sur des listes qui s'empilent depuis 2 mois, la mélancolie angoissante et grandissante de laisser cet endroit et ces gens auxquels on s'est vraiment attachés, et l'excitation de s'imaginer sur les plages balinaises, arpentant les routes du Tibet ou la Muraille de Chine, ou encore longeant le Lac Baïkal en Trans-sibérien.
Mais l'excitation l'emporte souvent, heureusement. Ce voyage, c'est un rêve qui se réalise. Que dis-je, ce sont plusieurs rêves qui s'empilent. Ce mélange crée en moi une espèce de frénésie, ou d'effervescence que je commence à avoir du mal à gérer. Je crois que c'est dans ces moments qu'on se sent le plus vivant.
Je crois d'ailleurs que j'aurais eu énormément de mal à quitter Hong Kong pour rentrer directement en Europe. Cela aurait été trop brutal. Alors que là, nous aurons le temps de nous réacclimater tranquillement, c'est le moins qu'on puisse dire!
Quoique. Retrouver un quotidien fait de boulot précaire et d'obligations diverses après 5 mois passés sur les routes eurasiennes risque aussi de nous faire quelque peu déprimer. Enfin bon, ce sont des risques auxquels nous acceptons volontiers de nous exposer!
A Tata4 et aux autres qui se demandent si l'on va continuer à alimenter le blog en cours de route... Bien entendu, nous continuerons aussi souvent que possible à poster. Ce sera même peut-être plus fréquemment qu'ici, puisque désormais, il y a internet dans les plus miteuses des guest-houses, dans les plus reculées des contrées, et qu'on aura sans doute plus de choses à raconter que ces dernières semaines...
Vous êtes de purs Romantiques, ce n'est pas du sable qui vous reste glissant dans les godasses, mais un peu de chaque terre foulée qui colle à vos semelles de vent. Un bout de coeur qu'on laisse partout derrière soi plus que des plumes qu'on perd. Un peu de son sang et de ses larmes versés, laissés derrière. Pertes qui, magiquement, se transforment en richesses. Pierres précieuses qui ne peuvent vous être dérobées.
RépondreSupprimerC'est ça que j'aime dans votre façon de voyager.
Je vous embrasse très fort...
J'aurais pas mieux dit! Tu as tout compris!
RépondreSupprimerEt je vois aussi que tu sais être poète...
C'est vrai que quand on a vécu dans un endroit, on sent que l'on s'en est appropriée une part, et qu'une part de nous y restera, mais comme tu le soulignes, c'est une arithmétique où l'on y gagne à chaque fois...
Gros bisous.
Vous racontez si bien le "doux écartèlement" de cette tension émotionnelle qui monte, qui monte... On s'y croit, on y est. On dit au revoir, nous aussi. On salue votre monde, les yeux humides et impatients.
RépondreSupprimerEt on lit Tata 4. C'est beau...
Merci.
Hey! It's been a while! Happy to see you back!
RépondreSupprimerJ'imagine que tu n'as pas beaucoup de temps à toi. Où en es-tu de tes concours, boulots et études?
Bises et merci pour ton message, et de continuer à venir faire un tour sur ce blog de temps en temps...
Tu seras sur Paris vers fin juillet?
Super !!!
RépondreSupprimerDis donc ta plume est de plus en plus fine !!
En tout cas, faites nous encore r^ver et éclatez vous
Bisous
Mél Mat Ju Lou
Yeah! Merci Mélanie pour ce commentaire... comment dirais-je... spontané (Hi Hi).
RépondreSupprimerCa fait plaisir de te lire, en tout cas.
Je continue en e-mail (c'est plus intime!)
Bises aux MMJL
Fièvre emballeuse, fièvre sauvegardeuse, fièvre envoyeuse, fièvre trieuse, fièvre videuse, bienheureuses maladies occupeuses de neurones, assécheuses de larmichettes à l'oeil et au coeur...
RépondreSupprimerCourage pour la Farewell Party, toussa, les bisous aux gamins....
L'envol. Les mouettes du port de HK sont des mouchoirs agités par ceux qui restent. Les nuages de l'aéroport ne doivent plus que devenir des panneaux direction Bali.
BALI !!!!!!!!!!!
Ne regardez pas en arrière.
Pas déjà, pas maintenant.
On vous aime.
Oh là là! Tes envolées lyriques vont finir par me faire planer! :)
RépondreSupprimerBon, je continue dans un nouveau billet.
Bises et merci pour ta présence jamais égalée sur ce blog.
:)