mardi 4 octobre 2011

Bons baisers de Russie?

Lénine nous montre le chemin...
.
.
Nous allons jusqu'à la gare d'Oulan Bator en « taxi mongol ». Le taxi, à Oulan Bator, c'est facile: C'est la première voiture qui vient!
Vous vous plantez sur le bord de la route, vous faite des signes aux voitures – à toutes les voitures - qui passent, et en moins de deux minutes, pour 500 tugriks (0,30€) du kilomètre, quelqu'un s'arrêtera pour vous emmener où bon vous semble (à conditions que vous ayez été assez clair dans vos mimes et bruitages en guise d'explication).

Dans le train, nous faisons la connaissance d'Irena, jeune et jolie Russe bouryate, originaire d'Oulan Oude, à la frontière mongole. Elle a les traits asiatiques, et se dit de confession bouddhiste. Elle nous explique avec naïveté les affres de l'amour lorsque l'on s'éprend d'un jeune kirghize musulman, qui entend appliquer le coran à la lettre dans leur vie quotidienne. Amour post-soviétique. Fini les mini jupes, fini le maquillage. Elle refuse encore de porter le voile. Mais elle l'aime. Ils parlent déjà de mariage. Elle va rencontrer sa future belle famille, à Bishkek, dans quelques semaines... Que lui dire?

Le passage de la frontière mongolo-russe prend une éternité. Pendant plusieurs heures, nous restons en place, portes fermées, toilettes condamnées, à regretter le litre de thé que l'on vient d'avaler. Il nous faudra en tout huit heure pour passer cette zone.

Nous descendons du train à Irkoutsk au petit matin. Le trajet n'a duré que 36h. Au fond, ce n'est pas grand chose quand on regarde ce qu'il nous reste à parcourir jusqu'à Moscou.
Nous peinons à casser nos billets de 1000 roubles afin d'avoir le change pour prendre le vieux tramway grinçant qui nous amènera au centre-vile.

Nous posons nos sacs dans une guest-house et avalons quelques cafés qui nous permettent enfin d'ouvrir les yeux... Mon Dieu! Mais cette ville ressemble étrangement à Ljubljana! Où sont les Bouryates, les Mongols, les Iakoutes? Ces peuples sibériens aux yeux bridés, ces natifs de la Russie orientale? Nous sommes pourtant encore si loin de nos pays. 7000 km à vol d'oiseau. Kaboul est moins loin, les guerriers Masaïs vivent moins loin, les eaux de l'Amazone retrouvent celle de l'Atlantique moins loin que cela! Nous voici dans une ville complètement européenne – fut-elle slave -, nous voici revenus dans un monde de Blancs! Nous n'en revenons pas. Tina a l'impression d'être chez elle, et moi aussi. L'architecture et les couleurs des immeubles, la langue, la nourriture. Tout se ressemble. C'est une évidence que nous nous étions refusés à concevoir jusque là. Nous n'étions pas préparés à vivre ce changement de monde, ce retour à la maison, si brutalement. Nous imaginions la Sibérie encore un peu asiatique. Finalement, l'Europe va bien au delà de l'Oural... elle va jusqu'au Pacifique.
Nous sommes déçus. Et puis nous sommes déçus d'être déçus, c'est encore pire.

A peine quelques minutes après notre arrivée, une fanfare défile dans la rue. Une centaine d'hommes en costumes rayé bleu et blanc font vibrer leur trompettes et tambours. L'esprit paraît bon enfant. Il faut dire qu'il n'est que 8h du matin!
Les gens nous mettent immédiatement en garde. C'est la « journée des parachutistes ». N'allez pas trainer au bord de l'Angara ou sur les quais. Dans deux heures, tous seront soûls et n'attendront qu'une seule chose, se battre, entre eux, ou avec le premier passant qui se présente. Être étranger est pour eux déjà plus qu'une provocation.

Deux heures plus tard, nous voici sur les bords du fleuve, où, effectivement, ils sont tous déjà pleins comme des outres. Les voix claquent, les regards sont vitreux, les mouvements imprécis, l'atmosphère tendue. Déjà, trois d'entre eux se jettent sur un pauvre chinois habillé en touriste chinois. Ils essayent de lui enfoncer son chapeau jusqu'au menton. Les insultes xénophobes fusent. Tous sont hilares. La femme de l'un des soldats fini par réagir. Le chinois repart hagard, en ayant bien cru que ses vacances allaient se terminer à l'hosto.
Profil bas, nous ressortons de ce quartier qu'on nous avait pourtant déconseillé.

Statue de Lénine, rue Karl Marx, deux trois maisons traditionnelles en bois... et un peu partout ces foutus groupes de militaires russes bourrés comme des Polonais qui errent en fantômes menaçants, plombant l'atmosphère. C'est avec un enthousiasme brisé que nous visitons cette ville moyenne (500.000 habitants) souvent décrite comme étant la plus belle de Sibérie.
Nous dinons dans un restaurant qui nous sert des portions microscopiques de saumon et de lasagnes pour un prix exorbitant. Décidément, cette ville ne nous plait pas.
Nous décidons de fuir à travers la taïga jusqu'au lac Baïkal dès le lendemain.

2 commentaires:

  1. Suis-je la seule à ne pas pouvoir commenter ????

    Et évidemment, j'ai oublié de sauvegarder :/

    Donc, déception pour le moment... Remarquez, le ton était donné dès le départ avec l'histoire de votre jolie Russe. On sentait que l'atmosphère s'assombrissait tout d'un coup.

    Vite, vite, des photos de la taïga ! Chapeau et merci de trouver le temps de continuer à nous raconter ; j'étais passée voir ce soir à tout hasard. Pas évident, j'imagine, de vous remettre dans le blog tout en vous coltinant le quotidien.

    Gros bisous de la Tata4 !

    RépondreSupprimer
  2. Coucou Tata4!
    Non, je crois que tu n'es pas la seule, Pascale m'a aussi signalé ce souci. De mon côté, ça marche à peu près, même s'il faut cliquer plusieurs fois sur "Publier un commentaire", ou parfois en passant par "Aperçu". C'est chiant quand même. Ah, détail qui a peut-être son importance, j'utilise Firefox, je n'ai jamais essayé avec Explorer... Peut-être que ça vient de là?

    Donc oui, déçus de notre arrivée en Russie. C'est balo.
    Et oui, on va tout vous raconter jusqu'à la fin, mais c'est vrai que là, on a pas trop la tête à ça. Cours et traductions affluent, nous revoici dans le bain du boulot à Ljubljana. Mais au fond, ça fait du bien... un peu de structure! ;)
    Et puis Ljubljana à cette saison, c'est un pur bonheur: Les terrasses de café et les restos dans les rues, c'est quelque chose qui nous manquait énormément à Hong Kong. On se rattrape!
    Grosse bise et merci de continuer à passer!

    RépondreSupprimer