samedi 18 juin 2011

Litang - 4014m

Vue sur le village depuis le toit de notre guest-house, au lever du soleil.
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La route nous a donc menés à Litang, plus haute étape du voyage et curieux village tibétain situé à plus de 4000 mètres d'altitude et se trouvant un peu « au milieu de rien ». Les mots qui décrivent bien les premières impressions ressenties dans cet endroit sont le bleu et le vert. Le bleu pour le ciel immense se déployant juste au-dessus de nos têtes (on se croirait presque capables de toucher les nuages), et le vert pour les collines rondelettes environnantes, couvertes (de neige, le dernier jour) d'herbe verte et rase, tel un tapis, où paissent des troupeaux de yaks. Au loin, quelques sommet rocheux enneigés...
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Les Chinois en parlent souvent comme du « Far West chinois », et il y a vraiment un peu de ça: Les cochons peuplent les rues par centaines, fouillant les poubelles et les canaux du village; des hommes aux visages graves se promènent dans les rues poussiéreuses, leurs chapeaux de ''cowboy'' en feutre sur la tête et leur bottes aux pieds; des femmes aux habits colorés poursuivent leurs tâches quotidiennes en crachant régulièrement par terre... Tous ces gens dégagent une certaine rustrerie. Mais dès que les regards se croisent, cet air sérieux et fermé disparaît, les yeux se plient à l'horizontale, les sourires s'esquissent sur les lèvres...
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Les Tibétains sont heureux et fiers de voir que les étrangers s'intéressent à eux et à leur culture, surtout s'ils sont français (ça a valu un Sébastien une belle ristourne lorsqu'il a acheté son chapeau!) Nous étions en train d'acheter des biscuits au beurre de yak dans un magasin, quand s'est approché un lama. Ils nous regardait avec curiosité (ça arrive souvent) et nous a demandé d'où nous venions. Moi, je lui ai répondu « de Slovénie », et je me suis confrontée une fois de plus à ce regard vide et confus, « et lui, Faguo, France ». Les yeux du lama ont alors commencé à étinceler, il s'est tourné vers Sébastien et s'est exclamé tout content « Sarkozy! Zidane! », en faisant le mouvement du fameux coup de boule (celui de Zidane, bien sûr. Quoique?..) « Sarkozy, Dalai Lama, good friends », a-t-il continué. Oui, si on veut...
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Litang, c'est aussi la ville natale des troisième et septième Dalai Lamas (si avec ça on ne peut pas appeler ça le Tibet!). La maison où est né le septième a été transformée en une sorte de temple où l'on vient prier. C'est le seul endroit consacré à Bouddha où nous avons pu prendre des photos à l'intérieur-même de l'édifice. Les gens y étaient assis au sol, sur des couvertures, à tourner leurs chapelets à prières, dans la pénombre de cette immense pièce sans fenêtre, avec pour seule lueur quelques bougies ça et là. Il nous ont accueillis à bras ouverts et se sont laissés prendre en photo avec plaisir! Tout le monde voulait ensuite nous offrir des bonbons. Nous sommes sortis de la maison les poches pleines de sucreries (qui allaient nous durer plusieurs jours... Bonjour les dents!)
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Sur une colline surplombant la ville, se trouve un grand monastère. Quand on parle de monastères, on pourrait s'imaginer des endroits gris, sombres et sans couleurs, évoquant facilement la tristesse. Les monastères tibétains sont en fait tout le contraire: ils sont peints de couleurs vives: du rouge, du jaune, du doré. Les figures y étant représentées sur les murs sont pleines de vie. Les drapeaux multicolores battent dans le vent de tous côtés... Ils forment avec le ciel bleu un ensemble très joyeux, d'autant plus que les moines y vivant semblent toujours être de bonne humeur. Les visites sont toujours très sympa.
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Par la suite, nous avons aussi visité le temple de la grande stupa, où nous avons également eu un contact privilégié avec les fidèles, et avons eu à nouveau l'occasion de faire tourner quelques centaines de roues à prières, situées tout autour du temple.
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On marche et on tourne les roues...
toujours dans le sens des aiguilles d'une montre
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Derrière le grand monastère, s'élèvent d'autres collines, encore plus hautes et donc invitantes, car elles offrent une vue encore meilleure sur le village et les montagnes environnantes. Nous nous sommes donc lancés, pleins d'entrain, pensant que le sommet n'était pas loin. Mais au fur et à mesure de l'ascension, l'air se faisant de plus en plus rare, se dévoilait derrière un autre sommet, une autre colline, et puis une autre encore plus haute et ainsi de suite... Quand enfin nous avons aperçu au loin une stupa (les stupa sont généralement situées sur les sommets des collines et des montagnes) nous avons décidé que nous n'irions pas plus loin. A une allure d'escargot, nous y sommes arrivés, le souffle coupé, la tête lourde, l'estomac en orbite... pas étonnant, nous étions à 4600m d'altitude. Nous venions de gravir 600m, à cette altitude!! Mais la vue sur le village, les montagnes enneigées au loin et le calme profond de l'endroit, ça en valait vraiment la peine!
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Litang est aussi l'un des rares endroits où l'on pratique encore l'enterrement céleste, une pratique typiquement tibétaine. Tout d'abord il faut souligner que les Tibétains ont un tout autre rapport au corps humain. Pour eux, celui-ci n'est qu'une enveloppe pour l'âme. Quand une personne meurt, le corps n'est qu'un reste, un sac, la personne n'est plus la. Lors de la cérémonie, qui se passe en haut d'une montagne, le corps est lacéré et découpé en morceaux puis laissé sur place afin d'être dévoré par les vautours qui tournent déjà autour. C'est leur manière de participer au cycle de la vie. Le choc culturel nous pendait au nez...
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Et nous avons enfin découvert à quoi ressemblait le Cordyceps, cette plante-insecte que l'on ne trouve que sur les hauts plateaux de l'Himalaya, cette chenille-champignon aux propriétés médicinales extraordinaires... Nous vous en parlerons dans le prochain billet.
À très bientôt!
T&B

1 commentaire:

  1. On en prend vraiment plein les yeux....

    Vous êtes vraiment de sacrés reporters; Tina, bravo pour ce texte magnifique !

    Bisous !

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